Ecoles de la Terre un jour - Ecoles de la Terre toujours !

Ecoles de la Terre un jour - Ecoles de la Terre toujours !
JOUR DE DISTRIBUTION DES NOUVEAUX UNIFORMES À L'ÉCOLE DE NABAKISHALAY À SONATIKARI SUR L'ÎLE KULTALI - WEST BENGAL - INDIA - MARS 2024

dimanche 25 octobre 2020

HAPPY DURGA PUJA

 

 

Predominantly celebrated in the states of West Bengal, Assam, Tripura, Odisha, and Bihar, Durga Puja happens to be one of the biggest festivals for Bengalis. The festival celebrates Goddess Durga’s triumph over the demon, Mahishasura. Though it’s a 10-day festival, the last five days are considered to be the most significant ones.

With Love and best Thoughts

ECOLES DE LA TERRE

vendredi 16 octobre 2020

DES CRIS DANS LE BIDONVILLE … SOUVENIR D’ANTAN …

  

A minuit déjà le jour recommence, et dans la nuit humide des rêves transgressent l’espoir de la misère aveugle des enfants. Des torrents d’images invisibles, y compris pour celles et ceux qui les côtoient dans le bidonville, dévalent leur précipice de vie et dessinent les falaises du temps qui s’échappe entre leurs mains innocentes.

Les eaux crépitent sous l’écume d’un canal puant en ce matin tiède. Jour et nuit, en un seul tour de terre, vie et mort dans une escapade fiévreuse, à la rencontre de quelques passants. Des millions de regards se sont livrés sur l’autel d’enfants comme eux. Au bonheur et à l’amertume de drôles de sensations, le monde poursuit sa route dans sa tranquille indifférence, dans une confiante apathie que le sort de millions de jeunes êtres meurtris, cabossés, écrasés par la vie au sortir du couffin ne sauraient déranger.

Pourquoi la terre nantie baisse-t-elle les yeux devant la muraille recouverte de tous ces papiers-peints couleurs de sang ! Tous ces enfants, cacheraient-ils les souffrances de leur propre cœur douloureux, drapés de leurs sourires légendaires ! Tous ces enfants, seraient-ils l’expression d’un miroir oublié, un miroir accroché au mur de la souffrance humaine, un miroir qui trahirait les formes sombres de leur propre visage, un visage-miroir de leur misère, un visage-miroir de leur propre cœur, un visage-miroir de leur douleur, de leur corps altéré par le temps de millions et de millions de vies !

Les lampes allumées en plein jour effacent l’imprévisible espoir du silence quotidien de ces enfants martyrisés. Ceux-ci n’entendent ni la jeunesse du vent qui frappe à leurs volets fermés, ni ne voient les lames cruelles de la mousson infecter le plan d’eau chahuté de leur bidonville.

Aujourd’hui, ils chantent les bonjours de rencontres futiles ; des femmes et des hommes sont venus jeter leurs yeux voyeurs sur leur pauvreté. Ils leur ont parlé de confiance en la vie, sans même ravaler leur morale de nantis ; puis ils sont partis, la mine héroïque, jouissant des grandeurs de leur cœur offert sur un autel de charité, l’espace d’une visite courtoise ; juste le temps d’abandonner quelques roupies et quelques bonbons.

Dans les profondeurs de l’éveil éteint de ces grands voyageurs du bonheur illusoire, la solitude des enfants aux larges sourires se relève ainsi, presque chaque jour, pour me rappeler les terribles loisirs de ces rencontres inutiles.

De fragiles épaules s’enfoncent dans le gris de leur rue et leur tiroir à mémoire se referme dans l’amour des rêves qu’ils cultivent tous les jours. Ce piège obscur des espoirs les plus futiles reproduit les contours d’un tombeau éloigné de ses cendres.

Mais ces enfants là ne veulent pas mourir, ils veulent seulement quitter leur rue lépreuse ; ils ne souhaitent plus travailler dans l’usine à poussière qui assure un semblant de pain gris quotidien, pour eux-mêmes, pour leurs parents, pour leurs frères et sœurs encore petits, encore trop tendres et trop fragiles pour intéresser l’avidité d’un commerçant rapace ou d’un entrepreneur vorace !

Mais les yeux de ces enfants sont clairs de lumière et leurs mains ont des allures magiques. Ils tourbillonnent dans la poussière et rendent leur rue toujours vivante. Leurs lèvres emplies de leur sourire ne se livrent pas aux silences des dangers qui les guettent au fond de leur vie de misère.

Avant de les croiser dans le bidonville je cachais en moi d’indicibles trésors. Aux premiers éclats de leurs rires j’ai senti comme un fil qui nous unissait. C’est peut-être le symbole d’une parenté qui lie chacun de nous à l’humanité. Si le sens de cet empressement prend racine dans l’amour des enfants, alors je suis partant pour traverser des océans, au mépris des frontières et de toutes les barrières qui viendraient à nier cette parenté.

 

    Martial, Calcutta, fin 1997, début 1998, pour les premiers pas d'Ecoles de la Terre

vendredi 17 juillet 2020

LA LUTTE CONTRE UN TITAN MICROSCOPIQUE OU LE MESSAGE D’ECOLES DE LA TERRE



Chères amies, chers amis, je ne veux pas vous inonder de messages, seulement vous communiquer, au rythme des saisons, l’essentiel des nouvelles d’Ecoles de la Terre.




LE FLÉAU DE LA TRANSMISSION OU LES 4 MOIS D’UN NAUFRAGE MONDIAL

Le 29 mars dernier je vous disais que nous étions sans doute en début de tempête. Je vous parlais de la pandémie du Covid19 qui étendait ses ailes contagieuses et tentaculaires à travers le monde.



Eh bien voilà une crise qui touche la terre entière. Je ne m’avancerai guère en vous disant que tous les humains sont touchés ; je me dois d’ajouter qu’une part d’entre eux sont des naufragés, occupés à maintenir la tête hors de l’eau alors que d’autres sont déjà coulés.




LE SUBCONTINENT INDIEN OU 17% DE LA POPULATION MONDIALE

L’évolution du Covid19 en Inde est très particulière compte tenu de la dimension démographique, de la situation économique, de la structure sociale et de l’organisation du secteur de la santé du pays.



Avec 1 milliard et 300 millions d’habitants, une croissance économique qui s’effondre, une disparité toujours aussi flagrante entre riches et pauvres et un système de santé qui ne faillit pas à la règle des inégalités sociales, nous pouvons bien comprendre que la crise sanitaire qui sévit depuis mars 2020 non seulement complique la tâche des gouvernants mais encore laisse sur le bas-côté les plus pauvres et nombre de gens déjà fragiles avant ladite tempête.



C’est dans ce cadre peu reluisant que nous œuvrons et tentons de faire face aux événements de ce 1er semestre. À la crise sanitaire qui nous paralyse depuis maintenant plus de 4 mois sont venus s’ajouter, le cyclone Amphan qui a ravagé nos écoles des îles des Sundarbans de l’Ouest Bengale les 20 et 21 mai derniers et l’invasion de criquets pèlerins qui, 10 jours plus tard, anéantissait les récoltes du Rajasthan.




LE GRAND MALHEUR OU LA FATALITÉ DES DÉSHÉRITÉS

C’est la guigne, c’est la déveine, c’est la poisse qui semble persistante et met ainsi en péril plus de 20 ans d’inlassable labeur. Ecoles de la Terre est certes une ONG de moyenne taille, mais elle représente une portion d’eau non négligeable dans l’océan de la misère du monde.



Suite aux décisions des autorités d’imposer un confinement généralisé, "lockdown", dès la mi-mars, les 5000 élèves et apprentis de nos programmes d’éducation se retrouvent disséminés dans leurs petits villages. Les 4000 mères bénéficiaires de notre programme microcrédit ont dû cesser ou mettre en veilleuse leurs activités de micro-entrepreneuses, perdant ainsi leur gagne-pain familial pour un temps indéterminé. Nos usines d’assainissement et de distribution d’eau potable aux îles Sundarbans ont suspendu leur production faute d’électricité à la suite du cyclone de mai dernier. Nombre de familles de nos élèves, œuvrant dans l’agriculture ou l’élevage, voient leurs activités paralysées par l’impossibilité de livrer leur production, tout accès aux marchés des bourgs et villes voisines leur étant interdit.



Nos budgets établis en février dernier pour notre année scolaire 2020-21 ne sont bien entendu plus adaptés à nos besoins. Parmi les 6315 familles liées à Ecoles de la Terre par nos différents programmes de soutien, 4'082 d’entre elles ont eu recours à notre assistance jusqu’à ce jour. L’aide alimentaire, la distribution de masques de protection, la mise à disposition de produits d’hygiène, les prises en charge de cas médicaux extrêmes et le soutien aux familles endeuillées suite au coronavirus représentent nos principales interventions provoquées par cette crise hors du commun.




L’AIDE INCONTOURNABLE OU LA GÉNÉROSITÉ DE NOS AMI/ES

Dans ces moments de grande crise il est de bon ton de rappeler les symboles du "donner" et du "recevoir". Que ferait la pauvreté sans la générosité ? Elle serait encore plus indigente !



La misère et le dénuement, comme la richesse et l’opulence, vivent leur normalité, leur légitimité au rythme du quotidien comme pour titiller la souffrance et le bien-être, jusqu’à ce que des événements de la vie que l’on appelle des crises, viennent encore mettre en évidence leur dissonance au risque d’amplifier la disharmonie, le désordre et le chaos.



J’ai à cœur de souligner ici le fidèle soutien des marraines et parrains, des sponsors et bienfaiteurs, des amies et amis d’Ecoles de la Terre qui, en dépit des limites et des freins provoqués par cette récession, poursuivent leur assistance et leur aide, ajoutant encore du crédit à leurs inestimables donations.




L’ENVIE DE NE PAS TOMBER OU LE MOT DE LA FIN

Notre budget annuel prévoyant quelques 13 millions de roupies, environ 180'000 Francs suisses, devient un plan financier compliqué à l’entrée de cette année scolaire qui a démarré aux premiers jours d’avril dernier. À l’issue du seul 1er trimestre de cet exercice 2020-2021, avril à juin, Ecoles de la Terre Genève a dû financer plus de 2 millions de roupies supplémentaires, 30'000 Francs suisses, afin de couvrir les charges provoquées par le Covid19, celles-ci se rapportant aux aides alimentaires et sanitaires apportées à plus de 4000 familles, aux compensations de recettes indiennes non réalisées suite au confinement, ainsi qu’aux réparations et reconstructions effectuées après le passage dévastateur du cyclone Amphan dans les îles des Sundarbans.



À l’heure où j’écris ces lignes, en Inde, la pandémie n’a pas atteint son pic de contamination. Le confinement vient d’être à nouveau décrété dans l’Etat du Bihar et le district de South 24 Parganas dans l’Etat de l’Ouest Bengale. À peine les affaires reprenaient-elles pour les familles de notre programme de microcrédit, que ce nouveau coup d’arrêt vient contrecarrer nos plans et semer le doute dans nos prévisions !



Toutes nos écoles sont fermées depuis la mi-mars ; les directeurs de nos établissements planifient les visites quotidiennes auprès de nos élèves afin d’assurer un suivi scolaire que nos enseignants conduisent dans les dizaines de villages du Bengale, du Bihar et du Rajasthan. Nous souhaitons dispenser au mieux les programmes éducatifs et préparer ainsi nos prochains tests de connaissance. Nous tenons aussi à maintenir le lien avec les enfants, leurs familles, et faciliter la prochaine reprise des cours qui toutefois demeure bien hypothétique.



En effet, l’incertitude prédomine quant à l’évolution de la pandémie du coronavirus. Aujourd’hui, à mi-juillet 2020, l’Inde s’inquiète de la progression exponentielle du Covid19 et la barre du million de cas confirmés vient d’être franchie. Ces chiffres sont publiés par les instances statistiques gouvernementales et relayées par les médias ; ils sont cependant largement sous-estimés.  



Ce pays est à 75 % rural et la plupart de ses villages sont isolés du monde ; il est de surcroît constellé de bidonvilles sur l’ensemble de son territoire et son système de santé est autant sous-financé qu’inégalitaire. L’Inde peut craindre le pire et jouer à tout moment une course contre la montre, un rallye contre la mort.



C’est dans ce contexte qu’Ecoles de la Terre tente de gérer au mieux ses programmes d’éducation, de santé, d’hygiène et d’assistance. Puisse le ciel nous entendre et nous donner la force de combattre ce satané parasite, ce titan microscopique.




Que Dieu vous bénisse et que la vie vous protège ainsi que vos proches. Amitiés à Toutes et à Tous.

Martial Salamolard pour ECOLES DE LA TERRE