Une longue file
d’écolières en rangs serrés se pressent vers Rudraksha, nous sommes le 8
mai 2013 et Rajesh, le responsable d'Ecoles de la Terre pour le Bihar, a organisé la XIIIe Journée de la Femme. Pour
elles, rien que pour elles.
Une fois installées,
côte à côte, assises en lotus, c’est comme une mer humaine, au moins 500 têtes
brunes, si ce n’est plus, que des filles et quelques jeunes femmes, avec ici et là un garçonnet qui accompagne sa
maman.
C’est comme une fête
des écoles, il y a des discours :
des discours de circonstance :
une invitée genevoise, Mataji, habillée en sari par les soins des enseignantes
du cours d’esthétique, fit le discours introductif :
« La journée de
la Femme, c’est l’occasion de rendre hommage à nos mères, à nos grands-mères, à
toutes nos aïeules à toutes ces femmes qui ont travaillé, lutté, souffert avant
nous, pour nous.
C’est aussi l’occasion
de penser à nous à nos aspirations nos combats, nos victoires et nos défaites
aussi. C’est reprendre son souffle et son élan pour continuer à aller de l’avant
avec courage et détermination vers une vie meilleure.
Quand une femme met au
monde une fille elle est à la fois heureuse et triste. Heureuse parce qu’une
fille c’est précieux, c’est une semblable à qui transmettre son héritage, tout
son patrimoine. Triste car être une femme partout dans le monde c’est plus dur,
il faut travailler plus fort, se battre davantage, c’est aussi beaucoup de
responsabilités.
Alors pensons à nos
filles, en nous battant pour nous, nous nous battons pour elles. Étudier, faire une
formation professionnelle, travailler, dans sa propre entreprise ou ailleurs,
c’est non seulement améliorer notre vie et celle de nos familles, mais par ces
actes responsables nous prenons notre place dans le monde et ainsi nous
améliorons le sort de nos filles … et de nos fils. »
Mais le discours le
plus marquant fut celui de Mme Dr Kusum Kumari, Professeur à l’Université
Maghad de Bodh-Gaya et directrice du
département Education des femmes.
« De nos jours,
la condition des femmes est si
préoccupante qu’elle devient un sujet d’études.
Deux facteurs les déterminent, la
position de la femme dans la société et les problèmes qui en découlent, et la
nécessité de redonner aux femmes leur juste place, comme quelqu’un d’aussi important
qu’un homme.
Malgré notre glorieux héritage, malgré les Durga, Laxmi,
Kali et Saraswati, quelque part l’histoire a dérapé. La femme indienne a perdu
son honneur, sa fierté et l’instinct le plus basique de l’existence humaine, la
liberté. Les résultats en sont dévastateurs. Comment une nation peut-elle se
développer si ses femmes sont encore traitées en inférieures. Voilà un vaste
sujet d’études de recherche et de réflexion.
Malgré les efforts
continus de notre gouvernement, l’Inde n’a pas atteint ses objectifs en ce qui
concerne les femmes et la situation n’est pas saine. Les femmes représentent la
moitié de la population mais leur situation en Inde et dans une grande partie
du monde reste misérable. C’est aussi le cas au Bihar, l’Etat où nous vivons
souffre de nombreuses carences.
Mme Dr Kusum
Kumari, énumère ensuite tous les sujets socio-économiques touchant la condition
et les droits des femmes qui devraient être étudiés et reconsidérés. Selon elle « Le statut de la femme est
déprécié en Inde à cause du taux d’’illettrisme encore trop élevé, qui en est
la cause la plus importante, à cause
aussi des mauvaises conditions socio-économiques, du nombre croissant
d’avortement de fœtus féminins et de
morts pour la dot ». Elle évoque aussi les mariages d’enfants et leurs effets
sur la santé de la mère, les violences domestiques, les viols, les kidnapping,
et autres crimes contre les femmes.
Enfin elle conclut
« Pour faire évoluer les mentalités des masses concernant les femmes, une nouvelle
philosophie doit être développée et analysée à la lumière du développement scientifique du XXIe » .
Il y eut aussi une remise de diplômes;
Il y eut aussi une remise de diplômes;
et surtout du
spectacle et des attractions, un petit orchestre et un meneur de jeux.
La presse locale est présente et même quelques
notables.
Françoise Frossard
Pour ECOLES DE LA
TERRE
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