CHÈRES AMIES, CHERS AMIS,
Mon retour à
Raidighi le 25 janvier dernier coïncidait avec les préparatifs de la fête
nationale indienne qui, le lendemain, allait occuper tous les esprits des
résidents de ce bourg de pêcheurs et commerçants de produits agricoles en tout
genre. Raidighi se trouve dans la partie sud du district « 24
Parganas ». Contrairement à la partie nord qui bénéficie d’une manne
touristique non négligeable, le sud, hormis mes amis je n’ai rencontré aucun
visage pâle depuis mon arrivée ici, représente l’une des régions les plus pauvres
et les moins développées du Bengale indien. C’est bien l’une des raisons
essentielles qui justifient la présence d’Ecoles de la Terre en ces lieux.
Je vous
propose bien volontiers une relecture de notre blog du 17 février de l’année
dernière, intitulé « les îles Sundarbans ou le calice du Gange
sacré » ; vous pouvez le retrouver facilement dans la rubrique
« Les archives du blog ». À mon retour ici en janvier dernier, j’ai
reconnu cette région telle que je l’avais laissée, silencieuse par les contacts
qu’elle entretient avec l’extérieur, bruyante dans sa vie quotidienne avec ses
places de marchés grouillantes, ses multitudes d’allées et venues d’île en
îles, tout cela pour exercer les
activités domestiques de cette communauté si entreprenante malgré son misérable
niveau de développement économique. Les « îles du silence » demeurent
méconnues, même si elles tiennent, de par sa forêt tropicale et ses réserves
naturelles, une place de choix dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
Depuis bien
des années, Ecoles de la Terre s’efforce d’apporter aux enfants de cette région
délaissée sa contribution au développement de l’infrastructure scolaire. Dans
la foulée, nous nous sommes dit qu’un soutien aux familles était autant complémentaire
que nécessaire.
Parmi ceux
qui connaissent ces îles, nombre d’entre eux prétendent qu’investir pour le
développement représente une cause perdue. Le réchauffement de la planète, la
montée des eaux, le dérèglement climatique, les caprices toujours plus
fréquents de la mousson feraient de cette contrée une cause perdue. Oui et
alors ! Alors non, ce n’est pas vraiment notre avis. Augurer de la sorte du
futur, dans une approche pour le moins apocalyptique, ne résoudra pas les
problèmes de l’instant présent pour ses habitants, à commencer par les enfants
et leurs familles.
Oui,
l’économie locale ressemble davantage à un marché de bouts de chandelles ;
oui, l’eau saumâtre fait trop souvent place à l’eau douce, faute de pouvoir
creuser plus profond ou d’investir dans la purification de l’eau ; oui,
les cyclones font souvent sauter les digues, détruisant tout sur leur
passage ; oui, l’éducation peine à s’implanter correctement dans les
villages disséminés de ces terres entrecoupées d’une multitude de bras du
Gange ; oui l’économie moderne n’a pas daigné venir prêter main forte à
une population laissée pour compte ! Oui, et alors !
Alors tout
de même, je pense qu’aucun phénomène social ne rayera de la carte les îles
Sundarbans ; seule une catastrophe d’immense ampleur naturelle pourrait
pousser ses habitants à fuir en masse vers le nord. D’ailleurs, depuis 1975,
6000 personnes ont dû quitter deux îles disparues sous les eaux. Ce phénomène
devrait sans doute s’amplifier ces prochaines décennies, mais le déplacement
des populations ne se fera que partiellement et devrait s’effectuer par étapes
successives dans le temps.
Pouvons-nous
imaginer que des seigneurs de la prévention cataclysmique, consignataires de hautes
instances d’une organisation de bienfaisance mondiale, puissent prévoir, puis
organiser un vaste déplacement vers le nord ! Oui nous pouvons imaginer et
nous pouvons rêver !
Non, les
Sunderbans continueront à vivre au jour le jour, au gré des caprices de
l’évolution des phénomènes climatiques, politiques, économiques et sociaux. Dans
ce concert de changement, de mouvement et de mutation, il faudra bien vivre,
avec les risques de renversement et de retournement que « mère
nature » pourrait bien réserver. Et la vie, ça ne manque ici ! Voilà
une bonne raison pour qu’Ecoles de la Terre mette les « bouchées
doubles » afin de développer et améliorer ses programmes.
Ce seront les thèmes des prochains messages. ① Où sont nos écoles, qu’y faisons-nous, ② qu’en
est-il de la question de l’eau douce et de la santé et ③ qu’apportons-nous
comme soutien au développement économique des familles ? Autant de
programmes à développer pour une population méconnue et oubliée. Trois blogs
que je me dois de publier le plus vite possible !
Merci d'être là, merci pour
votre écoute, merci pour les Sundarbans, merci la Vie !
Avec mes
pensées les plus chaleureuses et toute mon amitié.
Martial
Salamolard pour ECOLES DE LA TERRE
Note : Merci
à Christian Lutz pour sa photo. Merci à Rachel pour toutes les photos « Nature
des Sundarbans » ; les autres sont du signataire du présent blog. Et
toc pour le « copy writing blogging »
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