L'ampleur et la diversité des
questions liées à la santé
Autour des programmes
liés a l'éducation qui symbolisent la raison d'être et les activités premières
d'Ecoles de la Terre, viennent se greffer par la force des choses d'autres
projets qui nécessitent une intervention et augmentent toujours davantage notre
souhait d'améliorer les conditions de vie des populations déshéritées que nous
côtoyons depuis tant d'années.
De longue date nous
parlons d'actions plurielles guidées par le combat contre l'analphabétisme qui
condamne une part de la population indienne à l'infortune et à la misère. Si le
soutien par l'éducation a représenté dès 1998 le fer de lance de nos actions
concrètes, par la création d'écoles, la mise en place de programmes scolaires
et l'ouverture de centres d'apprentissage, la question des autres besoins pour
nos élèves et leurs familles, tous extrêmement nécessiteux, s'est naturellement
posée.
C'est ainsi que l'état de
santé déficient des enfants et leur entourage, la condition des femmes en
relation au problème de la contraception, le faible niveau d'hygiène lié à la
qualité de l'eau et les mauvaises conditions économiques des familles nous ont
interpellés et poussés à prendre des mesures autant pratiques qu'efficaces.
Dans la mesure de nos
moyens plutôt limités, nous avons pu mettre en place des services de santé,
organiser des contrôles sanitaires réguliers pour tous nos élèves et assurer ainsi
un suivi médical dans toutes les branches où nous intervenons, au Bihar, au
Bengale, à Delhi et au Rajasthan. Un planning familial à l'intention des mères
de famille est également organisé dans le but de conseiller les mamans et
intervenir à leurs demandes.
En ce qui concerne le
soutien socio-économique et comme vous le savez déjà, nous avons développé un
programme de microcrédit afin de venir en aide aux familles, les mères en
particulier, en leur offrant l'opportunité d'ouvrir leurs propres
micro-entreprises et leur permettre d'élever leur niveau de vie tout en
s'impliquant dans l'éducation de leurs enfants. Ce programme sera présenté en
détails ultérieurement.
Nous vous présentons ici notre programme de purification d'eau à
grande échelle. Compte tenu de l'état de santé déficient de nos élèves observé
depuis le début de nos activités, nous nous sommes rendus à l'évidence que la
question de l'eau était devenue un véritable enjeu.
Le programme
Eau d'Ecoles de la Terre
L'absence d'eau potable
et l'inaptitude pour nos élèves et leurs familles à en trouver dans les
conditions actuelles sont deux réalités majeures dans les régions où Ecoles de
la Terre intervient. D'aucuns savent bien que la dégradation de
l'environnement et la pauvreté ont concouru au fil du temps à engendrer et
semer les maladies dans les régions rurales du Bengale, du Bihar, du désert du
Thar et des bidonvilles indiens, pour ne citer que ces territoires de par le
monde.
Nous avons observé que les maladies d'origine
hydrique représentaient une part très importante des soins que nous prodiguions
à nos élèves ainsi qu'à leurs familles. Transmettant virus, bactéries,
parasites, micro-organismes végétaux et animaux, l'eau et conséquemment la
nourriture deviennent les transmetteurs de maladies telles qu'hépatites A et E,
polio, fièvre typhoïde, diarrhée, amibes, dysenterie, méningite, etc…
C'est ainsi que pour fournir de l'eau potable en
suffisance au Bihar et au Bengale, nous avons construit à ce jour pas moins de
7 petites usines de purification d'eau, chacune pouvant débiter jusqu'à 2000
litres d'eau à l'heure, aux fins de consommation des élèves, des familles et
des populations avoisinantes. Après un appel d'offres auprès de différentes
sociétés spécialisées dans le domaine du traitement de l'eau, notre choix s'est
finalement porté sur une société bengalie, basée près de Calcutta.
Les stations de purification d'eau
de 2014 à 2016
Au cours des années 2011 à 2013 nous avons foré,
construit et aménagé de nombreux puits pour nos écoles des îles Sundarbans et
du district de Gaya en Inde; nous avons également installé des tanks à eau pour
chacune de nos écoles du désert du Thar au Rajasthan. L'accent a été
principalement porté sur l'approvisionnement de l'eau.
Dès l'année 2014 et grâce au soutien financier de
nos sponsors, nous avons entrepris les grands travaux de construction d'usines
de traitement dans le but de rendre l'eau potable à la consommation domestique
pour nos élèves, leurs familles ainsi que la population vivant dans les régions
avoisinantes. Même si quelques impondérables dus à la structure et la
composition de certains sous-sols et la qualité des nappes phréatiques ont
parfois compliqué ou ralentis l'avancement des travaux, toutes les réalisations
ont été menées avec succès et dans les délais prévus. Nous récapitulons
ci-après ces sept constructions en rappelant leur situation, en soulignant le
contexte géographique des lieux et en citant les écoles ou les centres jouxtant
ces constructions; nous y ajoutons pour chacune d'elles une illustration
photographique.
En août 2014 à Sreefaltala dans
les îles Sundarbans
L'école de Sreefaltala se situe proche du bourg de
Raidighi où Ecoles de la Terre Welfare Society tient ses bureaux pour la
branche de l'Ouest Bengale. Elle accueille les enfants des villages alentours
et compte 309 élèves et 9 enseignants pour l'année scolaire 2016. En août 2014,
la première station de purification d'eau construite près de la place de jeu de
l'école est entrée en activité.
En novembre 2014 sur l'île de
Purba Jata dans les Sundarbans
L'école de Purba Jata se trouve sur une petite île
qui porte son nom. Jusqu'à il y a peu Purba Jata n'était atteignable que par
bateau; depuis quelques années nous pouvons la rejoindre en voiture grâce à la
construction d'un pont qui enjambe le bras du Gange qui l'entoure. Elle
accueille aujourd'hui les enfants de l'île et compte pour cette année scolaire
241 élèves et 9 enseignants. C'est au mois de novembre 2014 que la deuxième
petite usine de traitement de l'eau a ouvert ses vannes.
Anecdotes sur les îles Sundarbans
Deux problèmes majeurs sont naturellement posés et
préoccupent toutes les populations des
Sundarbans; tout d'abord le mélange de l'eau de mer et de l'eau douce, ensuite
la pollution des nappes d'eau par l'arsenic, les métaux et les bactéries.
Une première question récurrente soulevée tient à
la salinité de l'eau. Une partie de la population consomme de l'eau saumâtre
car il est difficile de creuser suffisamment en profondeur pour avoir de l'eau
douce. Et chaque passage de cyclone et d'ouragans empire la situation. Le
deuxième problème tient à la pollution des nappes phréatiques liées aux
activités industrielles de nombreuses entreprises qui se situent en amont de la
baie du Gange, ainsi qu'aux rejets agricoles et domestiques qui entraînent eux
aussi une importante pollution.
Les installations d'Ecoles de la Terre récemment
réalisées visent en premier lieu à procurer à nos élèves et leurs familles,
ainsi qu'aux autres populations voisines, de l'eau de qualité. Sachant que le
manque d'information et de connaissance sur le sujet de l'eau est très grave,
les réunions de sensibilisation [awareness programmes] sur la question de la
qualité de l'eau revêtent pour notre programme d'hygiène & santé une
importance capitale.
En juillet 2015 sur l'île de
Kultali dans les Sundarbans
Nous vous parlons ici de la construction de notre
troisième station de purification construite dans le village de Sonatikari où
se trouve notre école du nom de Naba Kishalay; elle accueille 340 élèves ainsi
que 8 enseignants. L'île de Kultali est assez éloignée du bureau d'Ecoles de la
Terre à Raidighi et un comité de village se charge de la tranquillité des lieux
et du bon déroulement de l'école.
Pour se rendre sur l'île atteignable par bateau
afin d'assurer une brève intervention, il faudra compter une bonne journée. Les
travaux pour la construction de la station de Sonatikari ont été réalisés avec
une certaine facilité vu qu'en 2011 déjà nous forions et installions un nouveau
puits performant. Contrairement aux deux précédentes constructions, à
Sreefaltala et à Purba Jata, nous n'avons rencontré aucun problème lié au
mélange d'eau douce et d'eau salée, la hantise des Sundarbans.
En décembre 2015 au centre Ecoles
de la Terre de Kumrapara dans les Sundarbans
La quatrième construction qui a été réalisée près
de notre centre multifonctionnel de Raidighi, précisément à Kumrapara en
périphérie de ce bourg situé à la porte des îles Sundarbans, sonne comme
l'avènement d'un premier grand projet porteur de promesses en matière d'hygiène
et de santé. C'est une excellente chose pour nous que d'être au bénéfice de
cette station de purification à proximité de ce centre où nous exerçons de
nombreuses activités liées à l'ensemble de nos programmes, à savoir
l'éducation, l'apprentissage, la santé, l'hygiène, le microcrédit de même que
les réunions de sensibilisation recouvrant tous les domaines d'intervention
d'Ecoles de la Terre.
Au courant de cet automne 2016 notre nouvel
institut d'apprentissage à l'intention des jeunes filles de la région ouvrira
ses portes à Kumrapara. Des formations dans divers domaines tels que l'informatique,
la couture, la broderie, le tissage, l'artisanat, l'esthétique, etc..., viendront
compléter nos programmes d'enseignements. Dès lors, le nombre de personnes
profitant des actions d'Ecoles de la Terre va sensiblement augmenter. Kumrapara
se trouve à proximité du bourg de Raidighi qui représente pour nous dans les
Sundarbans une vitrine qui peut favoriser nos initiatives.
En mars 2016 à l'école de Camijuli
dans le district de Gaya au Bihar
L'école de Camijuli qui a ouvert ses portes en
début d'année 2001 au village d'Itra dans le district de Gaya de l'Etat fédéré
du Bihar est devenu un grand complexe scolaire. Riche de 2 autres petites
écoles satellites supplémentaires afin d'accueillir les enfants les plus jeunes
de la région, ceux des classes enfantines, Camijuli compte aujourd'hui plus de
1'100 élèves et 28 enseignants et employés qui vivent dans 13 villages se
situant aux alentours de l'école. Outre l'enseignement scolaire proprement dit,
un dispensaire prodigue les soins médicaux de base aux élèves et à tous les
habitants de la région. En mars dernier, la population d'Itra et de ses
environs s'est vue gratifier de sa toute première station de traitement d'eau,
une révolution pour cet endroit fort éloigné des centres urbains où
l'infrastructure sanitaire est inexistante et les contrôles d'hygiène en matière
d'eau potable sont insignifiants.
Anecdotes sur le Bihar
La plupart des touristes et visiteurs viennent au
Bihar afin d'effectuer le circuit des sites bouddhiques sacrés qui comprend
Bodhgaya, Rajgir, Nalanda et Vaishali. Patna, la capitale de l'Etat, est une sorte
de carrefour de transports avec son accès ferroviaire et son aéroport. Excepté
les places touristiques, le Bihar reste encore en dehors des sentiers battus.
C'est d'ailleurs dans cette campagne lointaine et profonde qu'Ecoles de la
Terre exerce ses actions d'aide et d'assistance.
Malgré la ferveur religieuse qu'il occasionne, le
Gange est soumis à de vives pressions en raison de la pollution. Celle-ci met
en péril sa biodiversité et la durabilité de son environnement. La population
ne cesse de croître et se conjugue à une urbanisation et à une
industrialisation mal planifiées. Le Gange est souillé par le rejet incessant
d'eaux usées ainsi que par le déversement de volumes considérables de déchets
solides et industriels produits sans discontinuer par les activités humaines et
économiques sur ses rives.
Il n'est pas étonnant que la préoccupation et la
prévenance liées aux problème de la qualité de l'eau, et à fortiori sa
potabilité, soient si peu traitées et évoquées par les responsables régionaux
de l'Etat du Bihar. La première réalisation de Camijuli nous donnera l'occasion
de mieux sensibiliser les autorités politiques et sanitaires locales. S'il est
prévu par les pouvoirs publics de construire le long du Gange des stations
modernes de contrôle en temps réel de la qualité de l'eau, de notre côté, nous
sensibilisons toute une population rurale à cette question que nous associons à
nos programmes éducatifs.
En avril 2016 à l'école de
Saraswati dans le district de Gaya au Bihar
Le 1er mai de cette année, l'auteur de ces lignes
a eu le plaisir de publier sur le blog d'Ecoles de la Terre -
www.ecolesdelaterre.blogspot.com - un message relatant l'inauguration, à
laquelle il a participé, de la 6ème station de purification d'eau à l'école de
Saraswati dans le village de Pacchhatti. Celle-ci accueille près de 500 élèves
et 15 enseignants qui vivent dans 10 villages se situant aux alentours de
l'école.
En ce mois de septembre 2016 à
l'école de Jolibigha dans le district de Gaya au Bihar
Les nouvelles de ce début septembre 2016 viennent
de tomber. La construction de la station de traitement d'eau de Jolibigha est
maintenant terminée et l'inauguration doit encore avoir lieu tout
prochainement. L'école de Jolibigha, ses 510 étudiants, ses 13 enseignants et
les habitants de 8 villages voisins du Panchayat de Shergati vont dorénavant
pouvoir bénéficier de l'eau potable mise à disposition par Ecoles de la Terre. Le
projet Eau 2016 touche ainsi à sa fin.
Conclusion
Les retombées de notre projet Eau sur les actions
d'Ecoles de la Terre sont très importantes. Nous veillons à les développer à
travers nos programmes de sensibilisation à l'hygiène & la santé que nous
organisons chaque année pour l'ensemble de nos branches [Health and Hygiene
Awareness Programmes]. Nous avons tout récemment demandé à nos responsables sur
le terrain de réfléchir au cours de ces prochaines semaines sur nos futurs
besoins liés à la problématique de l'eau afin de poursuivre et parfaire le
développement de ce programme.
L'achèvement de la
septième construction à Nain Bigha matérialise l'exécution d'actions concrètes
dont nous sommes tous heureux d'avoir pu les mener à bien.
Bel automne à
Toutes et Tous.
Martial Salamolard
pour ECOLES DE LA TERRE