Ecoles de la Terre un jour - Ecoles de la Terre toujours !

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jeudi 21 mai 2015

NOS ÉCOLES ET NOS CENTRES DANS L’ÉTAT DU BIHAR – UN ARBRE AUX MILLE ET UNE FEUILLES !



 
Après deux séjours effectués au Bihar au cours de mon périple 2015, le premier en mars dernier, le deuxième durant la première quinzaine de ce mois de mai, je souhaite vous présenter notre plus grande section "Ecoles de la Terre" en Inde. Le 6 mai dernier je vous parlais de notre centre d’apprentissage de Dehri On Sone, cette petite ville du Bihar ; le 11 mai je vous entretenais sur nos rencontres avec les parents des écoles de Camijuli et de Saraswati. Je continue donc à vous en parler dans le présent message.

 
Aujourd’hui je vous propose une sorte de photographie d’Ecoles de la Terre au Bihar, photographie susceptible d’illustrer l’ensemble des activités recouvrant la vie de nos écoles, celle de nos centres, de même que l’éventail de nos programmes. Pour ce faire, c’est par le biais de la géographie, à travers les divers lieux, les districts, les villes et les villages où nous travaillons que je vais essayer de vous décrire au mieux les actions que nous menons dans cet État fédéré indien qu’est le Bihar, un Etat très peuplé avec ses plus de 100 millions d’habitants.

 
Dans la région de Bodhgaya – district de Gaya

Nous sommes présents dans le village de Baiju Bigha, proche de la petite ville de Bodhgaya ; c’est là que se trouve notre bureau "Ecoles de la Terre Welfare Society" pour le Bihar. C’est là également que nous gérons notre centre d’apprentissage de Rudraksha pour 2 groupes de plus de 200 jeunes filles et jeunes femmes. Ce centre rencontre un réel succès depuis bien des années. Nous avons déjà formés des milliers de jeunes filles dans les domaines de l’informatique, la couture, la broderie, le tissage, le batik, les travaux artisanaux et les soins esthétiques. Une formation intensive de 6 mois [à raison de 6 jours par semaine] est dispensée aux élèves ; celle-ci obtiendront à la suite d’un examen final un diplôme qui leur facilitera l’accès à l’emploi ou leur permettra de lancer leur propre entreprise grâce notamment à notre programme de micro-crédit. Ainsi au cours d’une année, plus de 400 jeunes femmes et jeunes filles bénéficient de cette formation.


Dans ce même village de Baiju Bigha se trouve notre école de Sujata créée en avril 2001. Près de 300 enfants bénéficient de nos programmes d’études pour atteindre le niveau de classe 8, soit le pendant de la fin de la scolarité obligatoire chez nous. Nos élèves viennent de plusieurs villages alentours et les effectifs ne cessent de croître depuis quelques années.  Sa renommée auprès des populations rurales est de plus en plus grande et les familles se pressent à nous demander de recevoir leurs enfants.


Dans le village de Pacchaati se trouve notre école de Saraswati dont je vous ai parlé dans notre précédent message [blog du 11 mai 2015]. Vous connaissez donc l’histoire de cette école de 600 élèves. Les demandes d’inscription de la part des familles des villages voisins sont toujours plus nombreuses et le manque de place représente pour nous un réel souci ; cette question se pose d’ailleurs dans la plupart de nos autres écoles.

 
Le manque de place et le manque d’argent nous freinent bien entendu dans nos actions. Pour la rentrée prochaine nous apprenons via le journal "Coopération – N° 20 du 11 mai 2015" que pas moins de 600 enfants de la petite ville de Kasrawad [Ouest de l’Inde – État du Madhya Pradesh] entreront dans leur nouvelle école ; cette école est financée par la Société COOP Suisse, dans le cadre du programme de son programme BioRe en Inde, pour un montant de 400'000 francs suisses. À titre de comparaison, pour financer la construction d’un établissement équivalent, c’est-à-dire pouvant accueillir le même nombre d’enfants, nous ne pourrions prévoir qu’un budget de 40'000 francs suisses, soit dix fois inférieur à celui-là !


En ville de Gaya – capitale du district de Gaya

Gaya est la capitale du district du même nom. Dans cette ville de près de 500'000 habitants [recensement de 2011], distante de 15 kilomètres de notre bureau de Baiju Bigha, Ecoles de la Terre s’est depuis plusieurs années engagé pour l’apprentissage de jeunes femmes et jeunes filles de la région ainsi que pour la réinsertion dans la société civile des prisonniers du pénitencier de Gaya.


Notre centre d’apprentissage de Gaya offre annuellement la possibilité à plus de 400 jeunes filles et jeunes femmes de suivre une formation dans les mêmes domaines et selon une organisation équivalente à celle de notre centre professionnel de Rudraksha. Dans cette ville indienne à forte densité de population, nous voulons contribuer à offrir à ces jeunes la possibilité, soit d’entrer plus sereinement dans le difficile et complexe marché de l’emploi, soit de développer leur propre micro entreprise artisanale. Et là aussi notre programme de micro-crédit peut financer le développement de ces projets. Dans cette même ville nous sommes présents depuis une dizaine d’années à la prison de Gaya. Nous y assurons un check up médical hebdomadaire et organisons régulièrement des rencontres, meetings et séminaires ayant pour but de mieux préparer les prisonniers [250 prisonniers], en particulier les plus jeunes [24 – 45 ans], à leur future réinsertion sociale. Nous offrons également aux plus nécessiteux [150 élèves] une formation scolaire de base [langue maternelle, arithmétique et connaissances générales].


Dans la campagne profonde – district de Gaya

Offrir l’accès à l’éducation aux enfants des régions rurales, c’est bien la mission première d’Ecoles de la Terre. En effet, la grande majorité de nos élèves vivent dans des villages, le plus souvent reculés, fort éloignés des villes et des grands centres urbains.


Dans notre blog du 11 mai dernier je vous parlais de notre école de Camijuli. Il s’agit plutôt d’un grand complexe scolaire pour plus de 10 villages de la région. Il comprend l’école principale construite il y a de cela plus de 15 ans dans le village d’Itra qui accueille 700 élèves ; 2 "écoles satellites" ont été ouvertes il y a quelques années pour les élèves les plus jeunes [classes de maternelle et de 1ère primaire] afin de leur éviter les trop grands trajets à travers la campagne ; celle de Bandha accueille plus de 200 élèves ; celle de Manjibigha près de 300 élèves. Une troisième "école satellite" s’ouvrira prochainement dans un autre village voisin afin de répondre à la demande toujours croissante des familles. Ces 3 écoles rurales sont situées à une quinzaine de kilomètres de notre bureau de Rudraksha.


Camijuli représente pour nous "l’expérience référence" en matière d’accès à l’éducation et à la formation offert aux enfants d’une région rurale. Petit à petit, au cours de toutes ces années, nous avons pu ouvrir et assurer le programme d’enseignement jusqu’au niveau de classe 10, le stade précédent l’entrée au collège. Tout prochainement nous comptons introduire nos premières classes de collège [niveaux de classes 11 et 12].

 
La rénovation et l’extension de l’école de Camijuli ont démarré en ce début de mois de mai. Outre l’école, le complexe abrite un dispensaire et une pharmacie qui assurent le suivi médical des élèves, le planning familial et les consultations et traitements pour les familles des villages. L’ouverture d’un centre d’apprentissage pour jeunes femmes et jeunes filles de la région est également prévue pour la fin de cette année 2015.

 
Une autre école, celle de Willy Vidalaya se trouve dans le village de Kusha [à une quinzaine de kilomètres de Bodhgaya]. Plus de 250 élèves provenant de 6 petits villages de la région y sont scolarisés depuis près de 10 ans. Nous organisons un programme de suivi scolaire pour les élèves les plus âgés qui peuvent se rendre et ainsi poursuivre leurs études à l’école gouvernementale. Cette école connaît également un grand succès, le nombre d’admissions augmentant chaque année.

 
À une quarantaine de kilomètres de notre bureau de Rudraksha se trouve notre école de Matijoli, la plus lointaine, la plus campagnarde, la plus bucolique. Inaugurée en avril 2004, son lancement fut difficile ; vu son éloignement, il ne fut vraiment pas facile de trouver les enseignants. Dans un premier temps, nous avons eu recours à ceux de Camijuli afin d’organiser les programmes et former les professeurs. Après quelques années, nous avons pu constater l’immense succès de cette entreprise. Aujourd’hui, nous tenons toutes les classes de l’enseignement obligatoire [de la maternelle au niveau de classe 8] pour plus de 600 élèves provenant de 8 villages environnant celui de Nain Biha, là où se situe l’école de Matijoli.

 
Dans le district de Rohtas

Il y a de cela 6 ans nous nous sommes déplacés dans le district de Rothas, exactement à Dehri On Sone, une ville d’environ 100'000 habitants ; celle-ci se situe à environ 120 kilomètres de Bodhgaya et Baiju Bigha où se trouve notre bureau pour le Bihar. Nos rencontres avec Sashi Kumar ont ainsi fait que nous décidions d’ouvrir en 2009 le nouveau centre d’apprentissage de Dehri pour les jeunes filles et les jeunes femmes de la région.

 
Deux groupes de 100 jeunes femmes sont au bénéfice d’une formation organisée au cours de 2 sessions planifiées sur la période d’une année. Comme pour les autres centres d’apprentissage de Baiju Bigha et de Gaya, la formation concerne les domaines de l’informatique, de la couture, de la broderie, du tissage, du batik, des travaux artisanaux et des soins esthétiques. Les demandes d’inscription sont telles que nous devons rapidement envisager une extension du centre.

 
J’en termine avec ce rapide [ ! ] tour d’horizon de nos écoles et de nos centres du Bihar. Comment aurais-je pu faire plus court ? Je me le demande ! À coup sûr, je peux vraiment vous remercier pour votre patience et votre intérêt ; c’est bien la moindre des choses ! Je vous transmets mes pensées les plus chaleureuses.


Martial Salamolard pour ECOLES DE LA TERRE

lundi 11 mai 2015

RENCONTRES AVEC LES PARENTS DES ÉLÈVES DE NOS ÉCOLES DE CAMIJULI SCHOOL ET SARASWATI SCHOOL - DEUX ÉTABLISSEMENTS QUI ACCUEILLENT PLUS DE 1500 ÉLÈVES !





Combien de rencontres avec les parents d’élèves avons-nous déjà vécues dans notre branche « Ecoles de la Terre » du Bihar depuis le début de nos activités là-bas, en l’an 2000 ? Des dizaines et des dizaines ! Tout au long de ce message nous vous présentons des photos illustrant nos deux dernières rencontres ; le 1er mai avec les parents des élèves de notre école de Saraswati, le 6 mai avec ceux de notre école de Camijuli.

 
Pour faire un peu d’histoire, il y eut tout d’abord nos premières séances pionnières, riches en discussions sur la question de savoir si nous allions démarrer un projet scolaire en faveur des enfants. Les requêtes de la part des mères et des pères furent insistantes, "ouvrez une école pour nos enfants", "nous voulons envoyer nos enfants à l’école", "aidez-nous" ! C’est vrai qu’il n’y avait rien dans ces régions laissées pour compte et éloignées des centres urbains.


L’école de Camijuli dans le village d’Itra, en pleine campagne du district de Gaya, fut la première à être construite au Bihar. L’inscription des 400 premiers élèves eut lieu à la fin du mois de décembre 2000 ; nous inaugurions officiellement l’établissement en février 2001, en grande pompe, avec les "fifres et tambours" de l’endroit, les parents bien sûr, nombre de curieux et les quelques notables de la région.


Voilà 15 années que nous œuvrons à Camijuli’s Public School comme nous l’appelons communément ici ; les familles d’une grosse dizaine de villages alentours nous envoient leurs enfants, plus d’un millier aujourd’hui. En fait nous pouvons dire qu’il s’agit d’un complexe géo-éducatif regroupant les élèves d’une région très nécessiteuse en matière d’éducation.


C’est bien la raison pour laquelle l’organisation de Camijuli n’a cessé de se développer tout au long de ces 15 dernières années pour assurer aujourd’hui l’enseignement jusqu’au niveau de l’entrée au collège [classe de niveau 10]. Ce fut un travail de longue haleine qui à ce jour commence à porter de bons fruits.

 
Tant et si bien que nous avons procédé à la requête d’autorisation gouvernementale pour l’octroi de la licence "collège". Nous sommes quasiment assurés de pouvoir l’obtenir et avons commencé les travaux d’extension du bâtiment afin d’être prêts d’ici la prochaine session à dispenser nos premiers cours aux futurs collégiens des villages. Le 6 mai dernier nous avons eu l’occasion d’annoncer cette bonne nouvelle aux parents réunis en meeting à l’école de Camijuli.

 
Et puis, il y a une autre école que nous vous présentons aujourd’hui ; c’est celle de Saraswati qui se trouve dans le village de Pacchaati, un peu moins rurale que celle de Camijuli puisque plus proche de la petite ville de Bodhgaya que nombre de gens à travers le monde connaissent pour sa renommée en tant que haut lieu du bouddhisme.

 
C’est en avril 2008 qu’Ecoles de la Terre reprit les destinées de l’école suite au retrait d’une ONG indienne sponsorisée jusque-là par un groupe japonais. Nous la rebaptisions et lui donnions le nom de "Saraswati", celui de la déesse des arts et de l’éducation, haut perchée dans le panthéon des "dieux hindous".


Cette école accueille plus de 600 enfants vivant dans les villages entourant Bodhgaya. Certains d’entre eux font des kilomètres et des kilomètres chaque jour pour venir à l’école puis rentrer chez eux.  L’organisation des classes est exemplaire et le directeur, le "principal" comme nous l’appelons ici, était déjà en poste la sous houlette de l’ancienne ONG.

 
Le vendredi 1er mai 2015 nous invitions à l’école Saraswati tous les parents pour une première rencontre de l’année scolaire 2015 – 2016. Comme pour Camijuli et toutes les autres écoles du Bihar, du Bengale et du Rajasthan, ce premier meeting est l’occasion de faire plus ample connaissance avec les nouveaux et faire le point de la situation avec tous les autres parents. Rappeler nos directives ainsi que nous mettre à l’écoute des familles c’est un peu la règle première de ces rencontres que nous organisons 2 à 3 fois par an.

 
Notre présence régulière et prolongée en Inde nous offre la chance de participer chaque année à une rencontre avec les parents dans la plupart de nos écoles. Ces retrouvailles sont riches d’enseignement pour l’adaptation et le développement de nos programmes scolaires ; elles nous renforcent aussi dans notre mission.


Nous aurons parlé à plus de 500 familles au cours de ces 2 derniers meetings. À l’ordre du jour d’une rencontre nous donnons la parole aux parents afin qu’ils fassent part de leurs requêtes et de leurs propositions. Nous leur rappelons également nos règles en matière de comportement, de discipline et de présence des élèves.


L’objectif est de créer et maintenir un lien fort entre l’école et les familles. Pour ne parler que de ces deux écoles, plus de la moitié des mères et des pères sont encore analphabètes. Mais après toutes ces années, 15 ans pour Camijuli, bientôt 10 ans pour Saraswati, les premiers adultes sortant de nos écoles vont bientôt inverser cette tendance. Même si certains d’entre eux vont quitter leur village, ils garderont le contact avec leur famille et apporteront un souffle nouveau pour les prochaines générations.


Le Bihar est le troisième État le plus peuplé de l’Inde, après l’Uttar Pradesh et le Maharasthra. Son taux de fécondité est très important, 3,7 enfants par femme en 2010. Nombre de "biharis", habitants du Bihar, sont très pauvres et s’exilent, soit dans d’autres États de la fédération indienne, soit à l’étranger. Jusqu’à aujourd’hui, son taux d’alphabétisme demeure particulièrement bas. La conjonction de nos programmes d’éducation et de notre planning familial doit contribuer à terme dans les régions rurales où nous travaillons, à améliorer le degré d’alphabétisme en même temps que le niveau de vie.


Nous avons le plaisir de publier ce compte-rendu le jour même de notre départ du Bihar pour Delhi, la capitale. Nous vous adressons nos plus chaleureux messages.


Martial Salamolard pour ECOLES DE LA TERRE