QUELQUES DONNÉES
GÉOGRAPHIQUES …
Le désert du Thar ou le grand désert indien comme nous
l'appelons aussi, est d'une superficie de 200'000 kilomètres carrés. Il s'étend
du nord-ouest de l'Inde, au Rajasthan, jusqu'au Pakistan où il est appelé le
désert du Cholistan. Il est bordé par le fleuve Indus à l'Ouest et par la
chaîne de montagnes des Âràvalli à l'est.
Comparé au reste de
l'Inde en général, le désert du Thar est très
peu peuplé, avec ses villages très espacés les uns des autres sur un territoire
ensablé, rocailleux, parsemés de haies et de bosquets. Davantage qu'un désert
tel qu'on peut se le représenter en carte postale, il ressemble à une étendue
de steppe où l'on peut voir une végétation très clairsemée où seules les dunes
plutôt étendues en sont dépourvues. Les routes sont bien entretenues par
l'armée omniprésente dans le district de Jaisalmer; la ville du même nom,
capitale du district, est située à 100 kilomètres de la démarcation
indo-pakistanaise. La frontière avec le Pakistan est en effet proche et invite
à une vigilance certaine.
Pour irriguer le désert du Thar, Ganga Singh, le dernier
grand Maharaja de Bikaner, a fait creuser au début du 20ème siècle un long
canal acheminant l'eau en provenance du Penjab, à plus de 600 kilomètres au
nord-est. Aujourd'hui ce canal, appelé Indira Ghandi, a été prolongé jusqu'à
Barmer [à 161 kilomètres par la route de Jaisalmer] avec de grosses
canalisations de 1,40 mètre de diamètre, enterrées afin d'éviter l'évaporation.
L'Etat a construit également des citernes à proximité des agglomérations; l'eau
y est amenée par camion et par chameau.
SUR LES CONDITIONS DE
VIE AU DÉSERT …
Nous pouvons imaginer
que dans une telle région la pluviométrie est plutôt limitée; en effet, le
désert du Thar reçoit en moyenne moins de 200 mm d'eau par année; près de 90%
des pluies annuelles arrivent avec la mousson, de juillet à septembre.
Jusqu'alors, les températures ne cessent d'augmenter, de mars à juin, pour
atteindre les 50° au cours des deux derniers mois [mai et juin].
J'ai quitté Jaisalmer à fin avril par 45° !
Sous ses apparences hostiles, le désert est un lieu de vie où les hommes
et les animaux doivent affronter la chaleur, l'éclat du soleil, le manque d'eau
et bien souvent l'insuffisance de nourriture. Mon message ne vous propose pas
une démonstration de géopolitique; il a pour but de vous confirmer que dans cet
endroit aride et austère, les conditions
de vie sont effectivement rudes, la plupart du temps inhospitalières, trop
souvent pénibles et épuisantes. La densité moyenne de la population indienne
est d'environ 380 habitants au kilomètre carré, un densité très forte compte
tenu de la grandeur de son territoire [3'287'263 kilomètres carrés]. À titre de
comparaison, le district de Jaisalmer qui embrasse le désert du Thar compte
672'000 habitants répartis sur un territoire de 38'401 kilomètres carrés. Sa
densité n'est ainsi que de 17 habitants au kilomètre carré.
Le 30 janvier 2010 j'écrivais au sujet du Thar; "il s'agit bien d'un
désert que les humains, comme les cailloux, comme les végétaux, comme les
animaux, ont marqué de leur présence, de leur empreinte, de leur sceau, de
leurs stigmates, de leur histoire; bref, tout un espace de vie, sèchement
estampillé par la signature de l'homme
confronté aux éléments d'une nature coriace, impitoyable, rugueuse, parfois
inhumaine" ! Et bien je vous confirme que cette citation est à mon sens
aujourd'hui on ne peut plus appropriée. J'ai quitté le désert en toute fin
d'avril dernier et je m'ennuie de ces grands espaces où le ciel me tend ses
bras et l'horizon me sert un grain d'éternité !
NOS ÉCOLES DANS LE DÉSERT …
Les élèves de nos écoles du désert de même que leurs familles vivent dans une pauvreté certaine; nous les
côtoyons depuis de nombreuses années - année scolaire 2005-2006 - et savons
bien que beaucoup d'entre eux souffrent de malnutrition et manquent cruellement
de soin. Pour notre branche de Jaisalmer, nous avons comme objectif prioritaire
d'offrir l'éducation au plus grand nombre d'enfants possible. Nous souhaitons
encore développer notre assistance en ce qui concerne l'hygiène et la santé,
notamment en ce qui concerne la qualité de l'eau. Au cours de la dernière année
scolaire, qui s'est achevée au 31 mars 2017, nos écoles du Rajasthan
accueillaient près de 700 élèves, soit un peu plus du 13% de l'effectif total
d'Ecoles de la Terre en Inde [5'200 élèves].
Nous relevons que la topographie des villages du désert du Thar a comme
caractéristique d'être très étendue, donc très clairsemée. Cet état de fait ne
facilite pas notre tache, et principalement la création d'écoles susceptibles
d'accueillir un maximum d'enfants. À cela s'ajoute, les difficultés à se
déplacer d'une localité à l'autre, les grandes chaleurs en journée durant une
grande partie de l'année, le manque d'eau potable; au surplus les mentalités
locales, confinées dans leurs fermetures et leurs traditions, ne favorisent pas
l'adhésion des familles à l'éducation
et l'ouverture au monde.
Je vous invite bien volontiers à relire notre blog du 3 avril 2014 au
cours duquel je vous parle de la sécheresse, de la malnutrition et de la
pauvreté qui tuent, le plus souvent à petit feu. Dans ce message j'exprimais le
fait qu'hormis notre mission première visant à instituer une structure d'éducation pour le plus grand
nombre d'enfants de ces villages, c'était aussi les conditions de la vie
domestique, alimentaire, sanitaire, économique et sociale qui nous occupaient
l'esprit, nous absorbaient et nous inquiétaient parfois, tant la misère est
présente et affecte les familles les plus nécessiteuses, malheureusement trop
nombreuses.
Je suis partagé entre le bonheur de pouvoir participer à la campagne de scolarisation
des enfants du désert et l'angoisse de ne pouvoir en faire davantage; mais je
me dis que si nous ne baissons pas la garde, ainsi pourrons-nous renverser un tant soit peu le cours des
choses et ainsi travailler encore et encore pour l'amélioration des
conditions de vie de ces populations miséreuses, avec au bout du compte
quelques bons résultats. Sur ce point notre espoir peut se baser sur une
volonté solide, riche de quelques succès.
Nous comptons à ce jour, dans le district de Jaisalmer au Rajasthan, six
écoles ainsi qu'un centre d'apprentissage pour jeunes femmes, récemment ouvert
en périphérie de la ville de Jaisalmer. Ce nouveau centre, du nom de Myriam Vocational Training Center, est
notre dernière concrétisation et il représente pour nous tous un grand pas en
avant. En effet, nous souhaitons développer ce secteur afin d'étendre les
perspectives d'emplois à l'intention des jeunes, et principalement des jeunes
filles. Aller au devant des aspirations de la jeunesse et leur proposer quelque
chose de plus que les seuls métiers liés au tourisme, tel est le projet que
nous souhaitons développer pour l'ensemble des branches d'Ecoles de la Terre en
Inde. Depuis 15 ans nous gérons nombre de centres d'apprentissage au Bihar,
autre branche d'Ecoles de la Terre. Depuis la dernière scolaire 2016-2017 [1er
avril 2016-31 mars 2017], nous conduisons ce même programme dans deux autres
régions de l'Inde, l'Ouest Bengale [Îles des Sundarbans] et le Rajasthan [district
de Jaisalmer].
Si vous tapez "éducation et
villages dans le désert du Thar" sur un moteur de recherche du web [internet],
vous y trouverez des propositions de voyages, des invitations aux visites des
sites du désert, des suggestions de circuits touristiques et autres incitations
aux camps du désert ! Vous y découvrirez tarifs et disponibilités à foison.
Trouver un billet d'avion, réserver un hôtel, louer un appartement ou une
voiture, réserver un voyage sur mesure, sélectionner un trek du désert, ce sont
autant de service proposés aux voyageurs, grands consommateurs de découvertes
et de villégiature.
Alors oui, le tourisme est un
grand roi et il revendique toutes les publicités et les incitations à la
découverte des lieux magiques et autres sites classés au patrimoine du monde;
tout cela à la gloire du consumérisme, à la célébrité du monde hôtelier, à la
commercialisation des traditions culturelles ! Et l'humanitaire ! Qui est-il ! Il n' est en réalité qu'un petit sujet limité au silence de la
bienfaisance et du philanthropisme, à la discrétion des quelques organisations
humanitaires présentes sur ce terrain mercantile, animé par le seul appât du
gain, réduit au secret de la dialectique confrontant les fait de donner et de
recevoir ! L'humanitaire en catastrophe n'est guère présente dans le désert du
Thar; il est confiné à la discrétion silencieuse d'un monde domestique, à
l'insonorité des besoins et à l'omission d'actions susceptibles de les
satisfaire; ces situations sont devenues la règle des lieux, une règle soumise
à l'économie locale réceptrice de circonstances touristiques.
Chères amies, Chers amis, je vous remercie de tout cœur pour l'intérêt que
vous portez à Ecoles de la Terre. Je vous envoie mes pensées les plus
chaleureuses du désert ! Avec mon amitié !
Martial Salamolard pour ECOLES DE LA TERRE