Le
dimanche 1er mai 2016 j'avais le grand
plaisir de vous informer via notre blog et nos flashs facebook [sous Ecoles de
la Terre & Salamolard Martial], de la mise en service de notre sixième station de
purification d'eau dans l'Etat du Bihar de
l'Inde du nord-est, précisément à l'école de Saraswati dans le village de
Pacchhatti. C'était aussi l'occasion de rappeler que nos actions étaient
diverses, nos programmes pluriels, tous orchestrés dans le cadre de notre
combat contre l'illettrisme et l'analphabétisme qui frappent une grosse portion
de la population indienne; et en parlant de notre "combat", je tenais
à préciser qu'il s'agissait là de notre engagement de tous les instants dans le
but de faire valoir le droit à l'éducation, plein et entier, aux enfants de la
misère !
Ce qui vient d'être
rappelé ci-dessus est très important car nombre d'entre celles et ceux qui nous
suivent ou nous observent se demandent souvent si nous gardons notre cap
initial, à savoir celui de contribuer à la scolarisation des enfants déshérités
de l'Inde profonde et oubliée. Je tiens donc ici à les rassurer en disant que
l'objectif premier d'Ecoles de la Terre, fixé au cours de mon premier séjour en
Inde, à cheval sur les années1997 et 1998, est encore et toujours d'actualité.
Et davantage encore, cet objectif n'est rien de plus qu'une bataille menée sur
le terrain depuis toujours, par le biais de projets et d'actions concrets que
sont les ouvertures d'écoles et des centres de formation, les inscriptions des
élèves et des apprenti[e]s, la mise en œuvre et le suivi des programmes
scolaires et d'apprentissage, la formation de nos enseignants, etc ... etc ...
Témoin puis acteur sur
ce terrain, j'ai en également dû me rendre à l'évidence que le seul soutien à
l'éducation, dans un contexte plus général de lutte contre la pauvreté et
l'exclusion, n'était tout simplement pas envisageable d'un point de vue
philanthropique, car contraire à une conception holistique de l'aide
humanitaire [à savoir la prise en compte d'un programme d'aide comme faisant
partie d'un tout].
Fort de ce considérant élémentaire
et fondamental et le partageant avec nombre de mes collègues de bataille,
aussi bien en Inde qu'en Suisse, Ecoles de la Terre s'est inscrite dans une
compréhension et une conception plus globales de l'aide et de l'assistance, en
développant deux autres importants programmes de soutien, tous deux
périphériques à l'éducation, que sont le service propre à la promotion et
l'amélioration des conditions d'hygiène et de santé des élèves et des familles,
le programme d'hygiène et de santé, ainsi
que le plan d'aide et d'encouragement économique en faveur des mères de famille
résidant à proximité de nos établissements scolaires, le programme de microcrédit. Ces deux stratégies ponctuées de plans
d'actions concrets sont enregistrées dans nos statuts et officiellement reconnues
par les autorités fédérales indiennes.
"Mens sana in
corpore sano", un esprit sain dans un corps sain devient un slogan
porte-bonheur que nous empruntons à Juvénal, le poète satirique latin né sous
le règne de Claude à la fin du Ier siècle après Jésus-Christ. Nous savons, nous
l'avons déjà écrit, que la pauvreté est responsable de bien des maladies et des
décès qui en découlent, principalement chez les enfants et les nourrissons.
Elle se traduit le plus souvent par une alimentation malsaine, une mauvaise
hygiène et par le manque d'eau potable. L'état de santé très souvent critique,
pour ne parler que des enfants, nous ont ainsi conduits à organiser puis mettre
en place de véritables services médicaux afin d'organiser des "check
up" réguliers et les traitement nécessaires qui s'en suivent. Ainsi est né
le programme d'hygiène et de santé d'Ecoles de la Terre.
"L'éducation ne se
borne pas à l'enfance et à l'adolescence. L'enseignement ne se limite pas à
l'école. Toute la vie, notre milieu est notre éducation …" disait Paul
Valéry; il ajoutait aussi "de tous les actes, le plus complet est celui de
construire". Ces quelques phrases peuvent bien contenir la nature profonde
du soutien économique qu'une organisation telle que la nôtre peut offrir à des
mères de famille pauvres, les mamans de nos élèves. Nous avons ainsi imaginé et mis sur pied une structure
d'aide financière afin de contribuer à l'accroissement des revenus des familles
dans le besoin, l'autre objectif étant évidemment de les impliquer davantage
dans l'éducation de leurs propres enfants. Ce programme périphérique devient
naturellement complémentaire à nos actions centrées sur le soutien à
l'éducation et à la formation. Ainsi est né le programme de microcrédit
d'Ecoles de la Terre.
Au
cours de la deuxième quinzaine de ce mois de juin 2016, Ecoles de la Terre poursuit l'implémentation
des projets concernant les conditions d'hygiène et de santé des élèves, de leurs
familles et des populations avoisinantes. Concrètement, nous démarrons les
travaux de construction de notre
septième station de purification d'eau à l'école Jolibigha dans la région de Shergati du district
de Gaya au Bihar. L'établissement se situe dans la localité de Nain Bigha, l'un
des huit villages de cette zone rurale [appelée Bloc] très pauvre qui nous
confient leurs enfants. Les autres localités ont pour noms Faijelaha,
Ghorwadih, Goukhap, Kachauri, Kalandra, Kusha et Tewari Chak. Pour cette année académique 2016-2017, un
effectif de 510 élèves, 272 filles [53.3%] et 238 garçons [46.7%] est réparti
dans 9 niveaux de classes différents.
En vous mentionnant la
réalisation de ce nouveau projet, je souhaite avant tout illustrer la démarche
plurielle s'agissant de notre méthode et action de soutien. Nous pouvons
parler "d'effet multiplicateur". Pour notre programme éducatif,
l'aide apportée en matière d'hygiène & santé et de soutien économique apporte
à notre action une plus-value indéniable.
Dans le Bloc de Shergati,
comme dans bien d'autres régions de la campagne indienne, l'accès à de l'eau
potable sûre [nous parlons de safe drinking water] est très loin d'être
garanti. Contrairement aux villes, principalement les plus grandes, il n'y a
pas d'eau courante dans les maisons et les gens doivent se déplacer tous les
jours au puits le plus proche afin d'obtenir leur eau. En Inde, la consommation
quotidienne de l'eau devient avant tout une question d'argent pour les plus
riches et une question de temps pour les plus pauvres.
En guise de conclusion à
ce carnet nous rappellerons son titre; pour les enfants pauvres, l'eau pure et
l'accès à l'éducation sont des cadeaux et ces deux programmes se conjuguent
avec l'hygiène et la santé du corps et de l'esprit. Ce qui me fait dire que la
combinaison et la conjugaison des programmes de soutien est effectivement inéluctable. Amitié
à Toutes et Tous.
Pour ECOLES DE LA TERRE
- le 3 juin 2016
Martial Salamolard