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dimanche 13 novembre 2016

VISITE À CHOUDDARASHI, UN VILLAGE DE LA CAMPAGNE INDIENNE DANS LES ÎLES DES SUNDARBANS DE L'OUEST BENGALE EN MARS 2016 !





En ce jour de printemps tropical, nous sommes le 9 mars 2016, sous une chaleur juste raisonnable et annonciatrice d'un printemps lourd et pesant, je quitte Raidighi, une bourgade d'un peu plus de 20'000 habitants aux portes des mille et un bras du Gange, les Sundarbans, ces îles méconnues du nord-est indien. À l'échelle de la démographie indienne, une localité de cette taille est encore un village. Raidighi se trouve dans l'État fédéré de l'Ouest Bengale, exactement dans le South 24 Parganas, l'un des 20 districts de l'État, l'un des plus pauvres. Je prends la route de Chouddarashi, un petit village où Ecoles de la Terre [ci-après EDLT]  déploie ses activités de microcrédit en faveur des mères de famille les plus nécessiteuses de la région.


À quoi pensé-je d'autre, si ce n'est à la chance de me retrouver dans cet autre monde, où mes sens discernent, reniflent, respirent, flairent et palpent cette nature immensément vivante qui à la fois m'accueille et m'envoûte. Je longe, tout le long d'une étroite route pavée, une multitude de champs de riz aux jeunes pousses printanières, entrecoupés de haies et de bosquets qui offrent à cette nature de bien belles verdeurs.

   
Ô belle campagne du Bengale, menacée par l'exode de ses habitants vers les grandes villes voisines, qu'il fait bon te traverser, te regarder, te sentir au gré d'une promenade en cette saison ! Je suis accompagné de Nandalal, le responsable d'EDLT pour les îles Sundarbans. Nous nous rendons à moto à Chouddarashi, un village se trouvant à quelques 5 kilomètres de Raidighi. Nous avons rendez-vous avec 100 mères de famille du village et de ses environs afin de participer à une séance de travail de microcrédit que nous subdivisons en deux sous groupes, vu le grand nombre de femmes invitées. À mi-distance de Raidighi et Chouddarashi, nous dépassons deux jeunes femmes élégantes qui entrent à bicyclette dans leur village de Baidyapara. Les mères des villages nous attendent sans doute pour le meeting. Nandalal me rappelle qu'il est temps d'accélérer l'allure car elles sont ponctuelles à l'occasion de chaque réunion, au contraire de bien des ragots qui courent au sujet de la ponctualité des gens des îles.


Nous arrivons pile à l'heure à Chouddarashi afin d'animer notre séance de travail. Toutes les mamans sont là, la plupart d'entre elles assises en lotus tout le long d'une grande véranda qui nous a été mise à disposition pour la circonstance par une famille du village. Le sujet de la rencontre concerne la collecte définitive des documents nécessaires à l'octroi des prêts dont l'attribution est prévu dans une semaine exactement.


Sujata et Buddhishwar préparent leurs réunions avec minutie et sérieux. Ils s'investissent à plein temps dans la gestion de notre programme de microcrédit. Buddhiswar en est le responsable et peut compter, outre Sujata, sur deux autres collaboratrices que sont Kabita et Uma. Depuis le démarrage du programme au cours de l'année 2010, pas moins de 6'500 prêts ont été octroyés aux familles de cette région des Sundarbans; une aubaine selon les dires de toutes les familles bénéficiaires.


Grâce à une formation pointue et continue, le fonctionnement des opérations de microcrédit n'a cessé de s'améliorer au fil du temps pour devenir très professionnel. D'un autre côté, le sérieux et l'honnêteté des mères de famille contribuent largement au succès du programme. Celles-ci créent leurs petites entreprises dans divers domaines d'activités liées à l'agriculture, à l'élevage, à l'artisanat, aux transports, à la restauration, aux marchés, pour ne citer que les principaux. Ces activités sont bien entendu liées aux usages et aux besoins socio-économiques locaux. À Chouddarashi, comme dans toutes les autres agglomérations voisines, le succès est au rendez-vous et les mères, avec la participation des autres membres de leur famille, contribuent aujourd'hui à redonner vie à leur région, à redynamiser les échanges économiques, à monétiser les transactions et contribuer à diminuer l'exode rural qui frappent les campagnes tout en améliorer le niveau de vie général de la population.


Le cours de la séance de ce 9 mars se déroule harmonieusement et avec beaucoup de fluidité. Un groupe de 50 mamans est là afin de finaliser les dossiers définitifs d'octroi de crédits. Je sens tout au long de ce rassemblement beaucoup d'enthousiasme et de conviction. Buddhiswar et ses collègues vérifient tous les dossiers et répondent à toutes les questions. J'interviens auprès des mères, tentant de m'immiscer dans leurs discussions pour les encourager dans leur entreprise. En comptant le deuxième groupe de 50 mères qui va se réunir juste après le premier meeting, 100 nouvelles micro-activités commerciales ou industrielles vont donc pouvoir démarrer concrètement dans quelques jours et contribuer ainsi à élargir le développement économique du village. 

  
J'ai le profond sentiment de vivre des moments forts et privilégiés lors de chacune de nos rencontres de microcrédit. Les mères de famille sont à la fois nos clientes et les mamans de nos élèves. Nos programmes se conjuguent pour donner une plus-value à nos actions. Cette expérience est pour nous tous unique en son genre, car en plus de prêter de l'argent aux familles pauvres afin de renforcer et de développer le tissus économique local, le microcrédit contribue aussi à financer l'éducation des enfants. Nous sommes tous concernés par ces efforts conjugués qui ont pour conséquence une aide plurielle génératrice de mieux-être et de prospérité !


Martial Salamolard pour Ecoles de la Terre - Carouge 13.11.2016

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