CHÈRES AMIES, CHERS AMIS
Je lis dans l'ouvrage "Réparer la planète de Maximilien
Rouer et d'Anne Gouyon [éditions Jean-Claude
Lattès - 2007] que nous
sommes dans le siècle de l'or bleu et que l'eau est une ressource faussement
abondante. À l'échelle de la planète, l'eau est une ressource en ce sens
qu'elle "est propre à des usages domestiques (8% de la consommation
mondiale), industriels (22%) ou agricoles (70%), des pourcentages qui varient
beaucoup selon les pays. L'eau utile doit remplir trois caractéristiques : il
faut que ce soit de l'eau douce, qui ne représente que 0,5% du total des
réserves mondiales. Ensuite, elle doit être propre - avec des degrés de pureté
différents selon qu'elle est destinée à la consommation humaine, à
l'agriculture ou à l'industrie. Enfin, elle doit se trouver sous une forme
accessible : précipitations, eaux de surface (cours d'eau, lacs et bassins) ou
eaux souterraines (nappes phréatiques, sources)". Enfin, nous notons que
l'eau est inégalement répartie sur l'ensemble de la planète; 20% de la
population mondiale absorbe près de 90% des ressources en eau.
OUEST
BENGALE - 24 SOUTH PARGANAS DISTRICT
C'est là qu'Ecoles de la Terre déploie ses programmes de
soutien, dans des îles entourées de l'eau salée de l'océan indien. L'eau douce
se trouve essentiellement dans les nappes phréatiques. L'accès à l'eau potable
est difficile et la population des îles, de surcroît très pauvre, se bat pour
réguler la consommation d'eau à des fins agricoles et domestiques. La proximité
de l'eau salée de l'océan, qui se mélange à l'eau douce, surtout lors de
perturbations cycloniques, n'est pas faite pour arranger les choses. En ce qui
nous concerne, c'est surtout la qualité
de l'eau qui nous cause problème. Nous en prenons conscience lors de nos
contrôles et consultations organisés régulièrement dans le cadre de notre
programme "Santé & Hygiène"; en effet, nous avons bien remarqué
qu'un trop grand nombre d'enfants sont en réalité des victimes d'une
consommation d'eau manifestement impropre à la consommation.
Ce problème est récurrent pour le Bengale Occidental
indien et pour l'Etat du Bengladesh voisin. Il représente un risque manifeste
pour la santé de plus de 100 millions de personnes. La présence d'un taux
d'arsenic dans une eau "dite potable" est le principal sujet de préoccupation,
même si ça n'est pas le seul [métaux et bactéries].
En plus de notre mission première, soutenir les enfants des îles dans leur
quête d'éducation, nous nous devons, tel un défis, de leur assurer ainsi qu'à
leurs familles de l'eau en quantité suffisante et de bonne qualité.
Si aujourd'hui nous
pouvons vous présenter notre
système de traitement d'eau que nous allons installer prochainement près de nos
écoles du Bengale [Îles des Sundarbans], c'est grâce à la Fondation Cédric Martin
de Genève qui nous sensibilise
depuis de nombreuses années à toutes les questions relatives à "l'or
bleu"; par le passé, elle nous a déjà soutenu pour le forage et la construction de
plusieurs puits, au Bengale, au Bihar et au Rajasthan, de même que pour
l'aménagement d'installations sanitaires dans nombre de nos écoles.
UN NOUVEAU SYSTÈME : LES STATIONS DE PURICIATION DE L'EAU
Avec Nandalal Baidya, le responsable "Ecoles de la
Terre" pour le Bengale, nous avons contacté un certain nombre
d'entreprises indiennes et spécialisées dans le traitement de l'eau. Après
contacts, entretiens, analyses et visites, et tenant compte d'un rapport coût -
efficacité, notre choix s'est porté sur un système de purification d'eau doté
d'un processus d'élimination de l'arsenic, des excès de fluorure, des métaux et des bactéries contenus dans
l'eau destinée à la consommation domestique des habitants des villages [plus particulièrement la "drinking water" comme nous
l'appelons là-bas].
Le district de "South 24 Parganas",
où se situent nos écoles, est l'une des régions de l'Ouest Bengale reconnue
pour être particulièrement contaminées; parmi elles les 5 plus affectées sont
les districts de Nadia, Murshidabad, Malda, North et South 24 Parganas. C'est
la raison pour laquelle, nous avons décidé d'entreprendre le démarrage de notre
nouveau programme de purification dans cette région plutôt qu'une autre, au
Bihar ou au Rajasthan.
La description du processus de traitement de l'eau
(purification) peut s'expliquer simplement de la manière suivante. L'eau brute
en provenance du puits foré passe à travers une "chambre d'oxydation"
pour l'adsorption (phénomène physico-chimique) des résidus de métaux présents [dans l'eau]. L'eau
est ensuite envoyée au travers d'un filtre de sable à pression afin d'arrêter
les éléments solides (niveau de turbidité), rendant ainsi l'eau libre des
composants de métaux et des matières en suspension qui la troublent [telles que
bactéries, micro-algues, fluorure etc…]. L'eau débarrassée de ces matières [métaux,
bactéries, etc…] passe
ensuite dans une nouvelle chambre [colonne Bayoxide] qui a une haute
capacité d'adsorption d'arsenic afin d'éliminer complètement les composants
d'arsenic solubles présents dans l'eau. L'eau ainsi débarrassée de ses
composants d'arsenic passera ensuite à travers une chambre UV [chambre
d'exposition au rayonnement ultraviolet] afin de libérer l'eau d'éventuels
micro-organismes pathogènes. La dernière étape consiste à nettoyer toutes les
unités [chambres ou colonnes]
d'oxydation, de filtration de métaux et bactéries, de filtration d'arsenic afin
d'éliminer tout résidus et rendant ainsi les filtres les plus performants
possibles.
Le début des travaux du nouveau système de purification est prévu pour ce printemps
2014 et se déroulera près de notre nouvelle école de Purba Jata [du nom d'une
des îles où nous travaillons] dont la construction est à ce jour sur le point
de s'achever. Nos premières colonnes de traitement [selon le Système Bengal
Aqua Engineering] seront installées et affectées au nouveau puits annexé à l'école
et foré spécialement pour la circonstance. Nous pourrons compter sur un
traitement de 2000 [deux mille] litres à l'heure [25000 à 30000 litres par jour
pour une utilisation de 12 à 15 heures] et satisfaire ainsi, outre les besoins
de l'école, ceux des familles de tous les villages alentours où résident nos
quelques 300 élèves. Nous organiserons un système de distribution [structuré et
bien élaboré] pour les habitants des villages de Dhaki, d'Haldorpara,
d'Hatuarghery, de Mayrapara East, de Mayarapara West, de Mondalpara, de
Musalmanpara et de Purkaitpara. Un grand travail d'information, de
sensibilisation à la consommation de l'eau nous attend. C'est un "challenge"
que nous sommes prêts à relever car il est d'une importance capitale pour la
santé des habitants de toute cette région et pour la bonne conduite et le
succès de nos programmes d'éducation. Le coût total, pour le forage du puits,
la construction des accessoires et l'installation des colonnes du système de
purification est de l'ordre de 6 lakhs ou 600000 roupies indiennes [soit
l'équivalent de 10000 francs suisses]. La maintenance du système devra retenir
toute notre attention. Les habitants bénéficieront d'une eau gratuite; ils se
sont déjà engagés à assurer le financement de la maintenance de la station de
purification.
Pour conclure
cette présentation, j'ai à cœur de
souligner l'importance des actions conjuguées qui visent à renforcer notre
mission en faveur des enfants et à combiner nos programmes avec les besoins de
leurs propres familles et leur environnement.
Avec toute ma reconnaissance pour l'intérêt
que vous nous portez et mes pensées les plus chaleureuses, à Vous Toutes et Tous.
Martial Salamolard pour ECOLES DE LA TERRE
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