À
l’époque où j’écrivais le poème ci-dessous, nous n’avions ni mail, ni blog, ni
site internet. Nous étions au siècle passé. Je ne résiste pas à l’envie de vous
le publier ici à Calcutta, près de 20 ans plus tard ; nous étions alors à la fin des
années 90 ! Ce texte n’a aucune prétention, si ce n’est que de décrire une
émotion ! Ô Souvenir ! Il s'agit bien d'un intermède, pensant aujourd'hui au futur des enfants des bidonvilles !
Ô CALCUTTA !
Ô
émouvante ville, gris amers faubourgs !
Laideur
grisaille des bidonvilles !
Qu’ont-ils
fait les hommes de ce coin de Terre ?
Ô
misère, chaleur torride dans la poussière !
La
presque mort couchée à même la terre !
Qui
laisse gémir de faim les mères et leurs enfants ?
Je
rêve que l’amour raisonnable me rende visite et s’attarde au fond de moi. Je
rêve du sentiment des désespoirs qui s’effacent ! Je rêve que mon amour
pour les enfants des bidonvilles soit une graine de lotus ou de moutarde que
Bouddha ou Christ m’auraient donné ! Je rêve que cet amour devienne une fleur
immense, un arbre pour que les oiseaux du ciel viennent dans les bidonvilles
construire leur nid. Je rêve de vivre comme je rêve !
Au
travers de mes lucarnes voilées qui me laissent transparaître des formes nobles
et cruelles du quotidien de la Terre, je cherche à comprendre le regard des
enfants déshérités, cet autel de douleurs d’une rare beauté !
Je
me lève le matin avec l’amour endormi dans sa blanche inconscience et je sais
que c’est à moi de le réveiller, quel que soit le pied sur lequel je me suis
engagé, quel que soit la couleur du ciel, la consistance de mon petit déjeuner,
quel que soit le lieu où j’irai travailler, l’endroit où je vis sur la
Terre ! Alors, je pense aux enfants de là-bas, les enfants de la
Terre ! Les enfants de Calcutta !
Par
la fenêtre du regard, cette irrésistible invitation à voir et être vu,
j’observe le monde, j’observe les autres ; j’aperçois dans ma tête les
allures guindées d’un défilé, les génuflexions de fidèles en piété,
l’empressement d’hommes d’affaires, une stressante fourmilière d’êtres
humains ! Et je vois dans mon cœur les enfants dans leurs pauvres
quartiers de misère !
Dans
tous les regards qui se croisent, je ressens l’essence de l’amour et de la
haine entre les hommes, essence subtile, essence invisible chargée d’une
myriade de particules qui alimentent des millions de milliers d’instants ;
ces instants où la joie et la peine, la compassion et l’ignorance, le calme et
le bruit, les rires et les pleurs deviennent un simple résultat, une banale
conséquence qui véhiculent la vie dans sa légèreté et sa douleur !
Et
puis, je rencontre les Enfants ! De
leurs souffrances à leurs cris de jeunesse, d’ici jusqu’à là-bas, d’hier à
aujourd’hui, combien de raisons ai-je donc de les aimer ? Ils sont
vivants, ils chantent, ils pleurent ! Vers eux, je souhaite aller !
MS/1997
Calcutta a changé, comme le monde a
changé ; ni plus ni moins, ni oui ni non. Les bidonvilles sont toujours là ;
certains ont été rasés, d’autres sont sortis de terre. Les enfants sont
toujours dans les gares, la misère rôde dans des quartiers, le bonheur est
encore trop loin !
Durant la semaine qui vient, je vous
parlerai de Jaldharmath, un bidonville où nous gérons une école.
Avec mes pensées les plus chaleureuses.
Martial
Salamolard pour ECOLES DE LA TERRE
(à
Calcutta depuis hier 20 février 2015)
- la 1ère photo est tirée de www.grand-prix-photo-reportage.parismatch.com/2010
- la 5ème de www.ob.org
- les 3 autres sont d’Ecoles de la Terre - Delhi
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