Les grandes chaleurs
sont arrivées « tambour battant » un peu partout en Inde. Certaines
régions, comme ici au Bihar, sont particulièrement perturbées par les
incessantes coupures d’électricité, surtout si vous vous trouvez en pleine
campagne, comme c’est d’ailleurs le plus souvent mon cas. Je mets trop de temps à publier mes
messages. Deux jours de coupure par-ci ajoutés à deux autres par-là, ça vous demande
parfois une semaine avant de pouvoir communiquer vos infos.
Brèfle de trèfle, pour
l’heure qui vient tout juste de chanceler sur vos cadrans, je veux juste vous
dire quelques mots sur notre traditionnelle rencontre organisée à notre école de
Camijuli au village d’Itra à l’occasion de la journée mondiale de la femme.
Même si nous vivons cet événement depuis l’année 2005, je ne dirai pas qu’il
s’agit d’un rituel, mais bien plutôt d’une journée toujours très attendue ici
par « toute une chacune » !
Nous souhaitons organiser
cette réunion chaque année dans des endroits différents, mais toujours là où
Ecoles de la Terre anime et gère une école ou un centre. Cette année ce fut à Camijuli,
notre école du village d’Itra ouverte au cours de l’année 2001. Nous nous
retrouvions là-bas pour la deuxième fois.
Un bon millier de
femmes, de mères, de jeunes filles, d’apprenties
et d’élèves de la quinzaine de petits villages environnants étaient
attendues ; elles vinrent en masse pour vivre une journée de témoignage et
de reconnaissance au son de la musique, à
l’audition de discours divers et fleuris, parfois dans un bruitage de
circonstance qu’un tel attroupement ne peut manquer de distiller. Mon dieu, que
furent agréables ces moments chaleureux, au propre comme au figuré ; il
devait bien faire 35° aux moments forts de la manifestation !
Cette journée permet
de mettre en évidence la réalité souvent douloureuse des conditions de la femme
indienne, pour ne parler que d’Elle. Violences, inoculation du sida, mariages
forcés, mauvais traitements en cas d’adultère, domination patriarcale, inégalités
dans le droit à l’éducation, à la rémunération et bien d’autres encore, sont
autant de points de domination que subissent les femmes en Inde et à travers le
monde. Ce sont bien sûr ces tristes réalités que nous rappelons au cours d’un
tel événement.
Mais ce sont les
actions concrètes que nous déployons et les programmes que nous développons
pour briser les chaînes qui enferment les femmes dans ce collier d’asservissement
que nous mettons en évidence lors de cette journée. L’école, l’apprentissage, la
santé, la gestion domestique et le soutien économique sont autant de plans d’activités
où Ecoles de la Terre fait en sorte que la parité soit absolument respectée
dans l’exercice des droits.
Parlant de l’éducation,
la femme doit avoir sa place autant dans son statut d’élève que dans celui d’enseignante.
Ainsi, la parité « filles et garçons » est devenue la règle
incontournable pour l’inscription de nos élèves. Parlant de gestion des
affaires familiales et de développement professionnel, elle est au centre des
affaires et de nos préoccupations puisque c’est à elle que sont confiées les
clés de l’organisation et les décisions des actions à mener.
Si ce message a
valeur de discours, je le conclurai en disant ceci ; nous observons ici
dans la campagne indienne que les femmes, je veux avant tout parler des mères
et de leurs filles, sont de mieux en mieux considérées. Mais cela nous permet
de prendre davantage conscience des écarts qui existent encore dans les
mentalités, les mœurs et les croyances, tous autant difficiles à bousculer. Et
c’est bien dans la gestion de nos programmes de tous les instants que nous
pouvons renverser le cours des choses. Les droits ne s’exercent pas dans les
ministères ou les organisations tentaculaires, dans les associations aux titres
ronflants qui développent leurs directives au rythme de rencontres de salon,
mais bien sur le terrain et dans la mise en œuvre véritable des programmes !
Amitiés à Toutes et
à Tous !
Martial Salamolard
pour ECOLES DE LA TERRE