Combien de
rencontres avec les parents d’élèves avons-nous déjà vécues dans notre branche
« Ecoles de la Terre » du Bihar depuis le début de nos activités
là-bas, en l’an 2000 ? Des dizaines et des dizaines ! Tout au long de ce
message nous vous présentons des photos illustrant nos deux dernières
rencontres ; le 1er mai avec les parents des élèves de notre
école de Saraswati, le 6 mai avec ceux de notre école de Camijuli.
Pour faire un peu d’histoire,
il y eut tout d’abord nos premières séances pionnières, riches en discussions
sur la question de savoir si nous allions démarrer un projet scolaire en faveur
des enfants. Les requêtes de la part des mères et des pères furent insistantes,
"ouvrez une école pour nos enfants", "nous voulons envoyer nos
enfants à l’école", "aidez-nous" ! C’est vrai qu’il n’y
avait rien dans ces régions laissées pour compte et éloignées des centres
urbains.
L’école de Camijuli
dans le village d’Itra, en pleine campagne du district de Gaya, fut la première
à être construite au Bihar. L’inscription des 400 premiers élèves eut lieu à la
fin du mois de décembre 2000 ; nous inaugurions officiellement
l’établissement en février 2001, en grande pompe, avec les "fifres et
tambours" de l’endroit, les parents bien sûr, nombre de curieux et les
quelques notables de la région.
Voilà 15 années que
nous œuvrons à Camijuli’s
Public School comme nous l’appelons communément ici ; les familles d’une
grosse dizaine de villages alentours nous envoient leurs enfants, plus d’un
millier aujourd’hui. En fait nous pouvons dire qu’il s’agit d’un complexe
géo-éducatif regroupant les élèves d’une région très nécessiteuse en matière
d’éducation.
C’est bien la raison
pour laquelle l’organisation de Camijuli n’a cessé de se développer tout au
long de ces 15 dernières années pour assurer aujourd’hui l’enseignement
jusqu’au niveau de l’entrée au collège [classe de niveau 10]. Ce fut un travail
de longue haleine qui à ce jour commence à porter de bons fruits.
Tant et si bien que
nous avons procédé à la requête d’autorisation gouvernementale pour l’octroi de
la licence "collège". Nous sommes quasiment assurés de pouvoir l’obtenir
et avons commencé les travaux d’extension du bâtiment afin d’être prêts d’ici
la prochaine session à dispenser nos premiers cours aux futurs collégiens des
villages. Le 6 mai dernier nous avons eu l’occasion d’annoncer cette bonne
nouvelle aux parents réunis en meeting à l’école de Camijuli.
Et puis, il y a une
autre école que nous vous présentons aujourd’hui ; c’est celle de
Saraswati qui se trouve dans le village de Pacchaati, un peu moins rurale que
celle de Camijuli puisque plus proche de la petite ville de Bodhgaya que
nombre de gens à travers le monde connaissent pour sa renommée en tant que haut
lieu du bouddhisme.
C’est en avril 2008
qu’Ecoles de la Terre reprit les destinées de l’école suite au retrait d’une
ONG indienne sponsorisée jusque-là par un groupe japonais. Nous la rebaptisions
et lui donnions le nom de "Saraswati", celui de la déesse des arts et
de l’éducation, haut perchée dans le panthéon des "dieux hindous".
Cette école
accueille plus de 600 enfants vivant dans les villages entourant Bodhgaya.
Certains d’entre eux font des kilomètres et des kilomètres chaque jour pour
venir à l’école puis rentrer chez eux. L’organisation des classes est exemplaire et
le directeur, le "principal" comme nous l’appelons ici, était déjà en
poste la sous houlette de l’ancienne ONG.
Le vendredi 1er
mai 2015 nous invitions à l’école Saraswati tous les parents pour une première
rencontre de l’année scolaire 2015 – 2016. Comme pour Camijuli et toutes les
autres écoles du Bihar, du Bengale et du Rajasthan, ce premier meeting est
l’occasion de faire plus ample connaissance avec les nouveaux et faire le point
de la situation avec tous les autres parents. Rappeler nos directives
ainsi que nous mettre à l’écoute des familles c’est un peu la règle première de
ces rencontres que nous organisons 2 à 3 fois par an.
Notre présence
régulière et prolongée en Inde nous offre la chance de participer chaque année
à une rencontre avec les parents dans la plupart de nos écoles. Ces
retrouvailles sont riches d’enseignement pour l’adaptation et le développement
de nos programmes scolaires ; elles nous renforcent aussi dans notre
mission.
Nous aurons parlé à
plus de 500 familles au cours de ces 2 derniers meetings. À l’ordre du jour d’une
rencontre nous donnons la parole aux parents afin qu’ils fassent part de leurs
requêtes et de leurs propositions. Nous leur rappelons également nos règles en
matière de comportement, de discipline et de présence des élèves.
L’objectif est de
créer et maintenir un lien fort entre l’école et les familles. Pour ne parler
que de ces deux écoles, plus de la moitié des mères et des pères sont encore analphabètes.
Mais après toutes ces années, 15 ans pour Camijuli, bientôt 10 ans pour
Saraswati, les premiers adultes sortant de nos écoles vont bientôt inverser cette
tendance. Même si certains d’entre eux vont quitter leur village, ils garderont
le contact avec leur famille et apporteront un souffle nouveau pour les
prochaines générations.
Le Bihar est le troisième État le plus peuplé de l’Inde, après l’Uttar Pradesh et le Maharasthra. Son
taux de fécondité est très important, 3,7 enfants par femme en 2010. Nombre de "biharis",
habitants du Bihar, sont très pauvres et s’exilent, soit dans d’autres États de
la fédération indienne, soit à l’étranger. Jusqu’à aujourd’hui, son taux d’alphabétisme
demeure particulièrement bas. La conjonction de nos programmes d’éducation et de
notre planning familial doit contribuer à terme dans les régions rurales où nous
travaillons, à améliorer le degré d’alphabétisme en même temps que le niveau de
vie.
Nous avons le
plaisir de publier ce compte-rendu le jour même de notre départ du Bihar pour
Delhi, la capitale. Nous vous adressons nos plus chaleureux messages.
Martial Salamolard
pour ECOLES DE LA TERRE
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