Chères
Amies, Chers Amis, nous vous envoyons des îles des Sundarbans nos plus
chaleureuses pensées. Toutes les photos de ce message concernent deux de nos
écoles des îles ; celle de Nabakishalay sur l’île Kultali ; celle de
Purba Jata sur l’île du même nom.
Plus
de cent îles et/ou presqu’îles sur territoire indien, plus de quatre cents dans
l’Etat du Bengladesh. Les îles Sundarbans sont certes célèbres pour leur faune
et leur flore sauvages mais toutefois bien trop méconnues des touristes, à
commencer par les indiens eux-mêmes.
Sa
forêt de mangroves est l’une des plus grandes forêts mondiale de ce
genre ; elle s’étend sur tout le delta du Gange dans la baie du Bengale.
Reprenant une description de l’UNESCO nous dirons que « les îles des
Sundarbans sont un exemple des processus écologiques en cours car ils
témoignent de la formation d’un delta et de la colonisation subséquente des
îles du delta et des communautés de mangroves associées nouvellement formées.
Ces processus incluent les pluies de mousson, les inondations, la formation de
deltas, l’influence des marées et la colonisation végétale »
Faisant
partie du plus grand delta du monde, les terres des Sundarbans ont été formées
par les sédiments déposés par trois grands fleuves, le Gange, le Brahmapoutre
et le Meghna ; elles ont été façonnées par l’action des marées, ce qui
leur confère une physiologie bien caractéristique.
Les
îles et presqu’îles bengladeshies et indiennes de cette jungle ont été classées
par l’UNESCO sur la liste du patrimoine mondial, respectivement en tant que
Sundarbans d’une part et parc national des Sundarbans d’autre part ; et
ceci tout en sachant que ces appellations concernent deux parties d’une même
forêt.
Parcourant
les différentes informations de type touristique concernant les Sundarbans,
vous lirez « parc national des Sundarbans, tigre du bengale, mangrove,
… » ! Vous aurez compris que la réalité est bien plus vaste et qu’une
population indigène y vit 12 mois sur 12 dans des conditions bien
particulières.
On
considère que sur les quelques 500 îles, une centaine d’entre elles sont
habitées par une population estimée à environ 4 millions de personnes ;
une cinquantaine d’entre elles se trouvent sur territoire indien. La montée des
eaux est un sujet de préoccupation majeure depuis plusieurs années. Les
changements climatiques forcent nombre d’habitants à l’exil dans une
indifférence quasi générale, y-compris celle des autorités politiques.
Nous
pensons qu’il est important, à chacun de nos séjours ici, de rappeler certaines
caractéristiques marquantes de cette région à la fois merveilleuse et coupée du
monde. La vie y est rude et les traditions bien ancrées dans l’esprit des gens.
Nous sommes ici à développer nos programmes d’éducation depuis la première
heure ; nous visitions les Sundarbans pour la première fois en début
d’année 1998 et décidions de nous impliquer dans l’éducation de ses enfants ;
aujourd’hui, 18 ans plus tard nous continuons ce que nous pourrions appeler
notre mission.
Ce
sont sur les îles où nous travaillons qu’une partie des exilés des Sundarbans
se réfugient parfois. Ce phénomène n’est pas sans inquiéter toute une
population malmenée par le climat et bousculée par changements
socio-économiques majeurs. L’avenir nous dira assez vite si l’imperturbable
montée des eaux contribuera à accélérer cet exil climatique.
Nous
fonctionnons sur les îles et presqu’îles de Sagar, Kultali, Purba Jata, Chatua,
Bubhaneswari et Raidighi et aujourd’hui nous avons le plaisir de vous présenter
deux de nos écoles que nous avons visitées juste avant l’ouragan d’hier 24
février qui nous a tenus en haleine durant toute la nuit qui a suivi.
Aujourd’hui 25 février le soleil semble revenir parmi nous ; une partie
des enfants seulement a pu se rendre dans les écoles. Les conditions de transport
sont exécrables et nombre de maisons ont été inondées, rendant ainsi la vie
bien difficile, à l’image des chutes de neige qui paralysent certaines de nos
contrées pendant l’hiver.
Notre
école de Nabakishalay se trouve sur l’île Kultali que nous abordons par bateau.
Du débarcadère, il faut environ une demi-heure avant d’atteindre Sonatikari le
village où se situe l’école.
Nabakishalay
compte ce jour 345 élèves. Ils sont répartis en 12 niveaux de classe ;
soit des trois classes enfantines à la classe 9. Nos retrouvailles furent
chaleureuses et nous avons pu échanger comme d’habitude avec ses 8 enseignants,
Samiran Kanji le responsable de l’école, Kamal Singh, Banamala Pramanik,
Mallika Mistry, Dipika Kanji, Krishna Halder, Arpan Purkait et Ranjita Purkait.
Nabakishalay
fonctionne admirablement bien. À notre immeuble solide, armé contre vents et
mousson, est venu s’ajouter un petit dispensaire offert à Ecoles de la Terre
par le comité du village de Sonatikari. Notre programme santé est très important pour Ecoles
de la Terre. Chaque semaine notre infirmier visite nos écoles pour effectuer un
« check up » ; une fois par mois un médecin de Raidighi l’accompagne
pour un contrôle plus pointu. La mise en service de notre station de
purification d’eau contribue à l’amélioration de l’état de santé des élèves ;
à la fin de cette année scolaire, nous ferons un bilan chiffré, basé sur les traitements
médicaux prodigués aux enfants.
Quant
à l’autre école de Purba Jata qui porte le nom de l’île, nous l’atteignons depuis
quelques années par la route grâce à la construction d’un pont qui enjambe
aujourd’hui un gros bras du Gange près de Raidighi.
238
élèves sont aujourd’hui accueillis à l’école de Purba Jata. Ils sont répartis en 12 niveaux de classe,
soit des deux classes enfantines à la classe 10. Ses neuf enseignants, Basudeb
Bairagi, le responsable, Tapati Kayal, Serena Bibi, Mamani Purkait, Shika
Midwa, Prabhabati Kansari, Mantu Halder, Biplob Gayen et Mithun Pramanik sont
tous de fidèles collaborateurs d’Ecoles de la Terre.
Basudeb
Bairagi est là depuis la première heure ; tout d’abord dans l’ancien
bâtiment de fortune, fait de bois et étriqué, puis dans notre nouvel immeuble,
solide comme un roc et qui fait la joie de tous. Là aussi, une station de
purification d’eau a été construite et mise en fonction l’année dernière. Comme
pour Sreefaltala et pour Nabakishalay, nous évaluerons tout prochainement l’impact
de la consommation d’eau potable sur la santé de ses élèves.
Nous
arrivons gentiment à la fin de notre séjour dans les îles des Sundarbans. Nous
avons été quelque peu surpris par la chaleur et la lourdeur du ciel ; il
fait bien plus chaud et plus écrasant que l’an dernier à pareille époque. Nous
sommes comme en admiration devant la bravoure et le courage de ses habitants
qui défient des conditions climatiques le plus souvent harassantes et
exténuantes. Selon les dires de Nandalal Baidya, notre responsable d’Ecoles de
la Terre pour les Sundarbans, il y a en réalité trois saisons dans cette région
de la baie du Bengale indien. La « Summer season » où il fait très
chaud et humide, la « Monsoon season » ou il pleut tout le temps et
la « Winter season » où il peut faire très froid durant près d’un
mois et plus sec et agréable pour le reste du temps.
Bien
Chères Amies et Chers Amis, nous vous envoyons de ce coin de terre nos pensées
transpirantes qui suintent bon l’odeur de la terre et de sa végétation
vaillante et verdâtre comme nulle part ailleurs !
Martial
Salamolard
Pour
ECOLES DE LA TERRE