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jeudi 18 avril 2013

LA VIE DANS LE DÉSERT DU THAR, LA RECHERCHE DE L'EAU, LA SURVIE DES HOMMES, LE CHANT DES DUNES, LA POÉSIE DU SILENCE !

Chères Amies, Chers Amis,

Je viens de quitter le désert ! Je m'en vais le coeur léger, les yeux quelque peu ensablés ! Je vous adresse ce message et j'y joins des photos en pagaille, toutes légendées. Avec mes pensées les plus cordiales. Martial





LA VIE DANS LE DÉSERT DU THAR, LA RECHERCHE DE L'EAU, LA SURVIE DES HOMMES, LE CHANT DES DUNES, LA POÉSIE DU SILENCE !

 

Ce sont autant de thématiques, de concepts, d'interprétations proposés par l'homme. Il y en a bien-sûr beaucoup d'autres, plus scientifiques, rationalistes, archéologiques, plus expérimentaux. Offrir un peu de verdure au désert, le transformer en surfaces agricoles, ce sont de vieux rêves que vivent les hommes depuis bien longtemps ! Mais il ne manque que l'eau pour les réaliser ! Et pourtant toutes les grandes régions désertiques de notre planète sont peuplées par l'homme depuis la nuit des temps.

 
La plupart des peuplades du désert, telles les bédouins du désert d'Arabie ou les touaregs du Sahara sont des bergers nomades qui cherchent sans cesse de nouveaux pâturages pour leurs troupeaux; dromadaires, moutons et chèvres constituent l'essentiel de leur cheptel. Dans d'autres régions désertiques, comme le désert du Thar, ses habitants se sont plus ou moins sédentarisés et ont organisé leur quotidien dans cette configuration de vie quelque peu atypique pour ce  genre de nature.

 
Le site Wikipedia nous présente une typologie des déserts et une distribution en 5 parties;   les déserts polaires froids en zones arctique et antarctique; les déserts chauds de la zone subtropicale, tels le Sahara, le désert d'Arabie, le centre de l'Australie; les déserts chauds côtiers comme le désert chilo-péruvien, le désert de Namib, la Basse-Californie, le sud-ouest marocain; les déserts d'abri de la zone tempérée, tels le Grand Bassin et le désert des Mojaves aux Etats-Unis;   les déserts continentaux, comme le désert de Gobi, le désert du Tibet, le désert de Karakoum. D'autres critères de classement nous sont aussi proposés, tels le critère de l'aridité, celui de l'évapo-transpiration, celui de la grandeur - la superficie -, celui du degré d'ancienneté ou encore celui de la zone géographique; concernant ce dernier, j'observe que tous les continents sont représentés, l'Afrique, les Amériques, l'Antarctique, l'Asie, l'Europe, l'Océanie.

 

LE DÉSERT DU THAR OU LE MARÛSTHALI


Je m'arrêterai, vous l'aurez deviné, à la lecture du titre de ce Blog, au désert du Thar, celui qui nous est plus familier, celui que nous traversons chaque jour avec "Ecoles de la Terre".  Le désert du Thar s'étend de l'Etat fédéré indien du Rajasthan jusqu'au Pakistan. Les indiens l'appellent le "Grand désert" ou le "Marûsthali"; les pakistanais le désigne par l'appellation désert du "Cholistan". D'une superficie de 200'000 kilomètres carrés, il est le 7ème plus grand désert du monde et est encadré par le fleuve Indus à l'ouest et la chaîne des Ârâvallis à l'est.

 
Le désert du Thar ressemble à un grand espace de steppes à la végétation clairsemée jouant avec les dunes. Il est plutôt jeune puisqu'il s'est formé entre 2000 et 1500 ans av. J.-C, au moment où le fleuve Ghaggar cessa d'être un cours d'eau et se perdit dans la profondeur des terres. Aujourd'hui il est aussi devenu un grand classique touristique pour les hôteliers de Jaisalmer ou d'autres cités de la région telles que Ajmer, Barmer, Bikaner, Jodhpur, Phalodi, Pokhran,  etc... Coucher du soleil, ballade en dromadaire, soirée musique en "club house traditionnel", nuit à la belle étoile, sont autant  d'attractions que les commerçants du désert offrent à leur client, avec ce brin de séduction qui fait vendre à tous les prix "le besoin d'évasion".

 
Le Thar reçoit en moyenne entre 150 et 200 mm d'eau par an; un contexte qui s'explique par une dispersion bien trop faible de la mousson du Nord-Ouest qui ne peut que difficilement franchir la chaîne des Ârâvallis. Vous y trouverez donc certains animaux, pas d'autres. Si vous vous trouvez au bon endroit, au bon moment, vous y verrez des dromadaires bien sûr, mais encore des antilopes, des lynx et des renards du désert, de même que mille sortes d'insectes, des lézards, des tortues, des crapauds, des serpents, etc...; la nuit sera leur moment de ballade privilégié et ils ne sortiront de jour que pour chasser et se nourrir.

 
L'apport en eau de surface est un facteur restrictif qui détermine la répartition des espèces selon leur degré d'exigence de cette ressource vitale. Le canal "Indira Gandhi" coule du Penjab ,au nord-est, jusqu'à Jaisalmer et irrigue sur son passage des milliers d'hectares de cultures. Dans la partie nord du désert, d'innombrables arbres ont été plantés pour stabiliser les dunes et attirent ainsi bon nombre d'espèces d'oiseaux, d'insectes et de batraciens.



ECOLES DE LA TERRE DANS LE DÉSERT, ALORS !

 

Tout récemment [voir le Blog du 10 avril dernier] je vous emmenais discrètement dans nos écoles du désert, cinq au total, pour les situer géographiquement dans ce contexte particulier. Histoire de remonter dans le temps, le 11 avril 2012, je vous présentais nos écoles de Satydev et de Sunbeam; le 7 avril 2012, celles de Vidyasagar et de Nanufuji; le 5 avril 2012, celle du village de Meharajot, du nom de "Uttam Aadarsh" !

 
Encore plus loin, le 13 avril 2011 je vous parlais de l'école Sunbeam; le 11 avril 2011 celle de Vidyasagar; le 4 avril 2011 celle de Nanufuji; le 3 avril 2011 celle de Satyadev. En remontant l'échelle du temps, vous retrouver ces écoles en février et en avril 2010, et ainsi de suite, jusqu'en mars 2008, année du démarrage du présent Blog d'Ecoles de la Terre.

 
Bien sûr, nous les avons construites au fil du temps; Satyadev [dans un quartier pauvre et périphérique à Jaisalmer] en fin 2005; Nanufuji [au village de Rataria Ki Dhani] en 2006; Vidyasagar [au village de Gala Ki Dhani] en 2006; Sunbeam [au village de Garfoorbattha] en 2007; Uttam Aadarsh [au village de Meharajot] en 2011.

 
Nombre de touristes en ballade au Rajasthan, dont certains d'entre eux cherchent une alternative au Sahara, sont attirés par cette région. Ils retrouvent l'ambiance du désert avec les chameliers et les petites caravanes de randonnées. Je les rencontre à Jaisalmer, leur camp de base, et je me hasarde à leur parler d'Ecoles de la Terre. J'espère attirer leur attention sur l'existence de notre organisation, nos petites écoles du désert, les villages de nos élèves qu'ils pourraient visiter au cours de leur excursion, non loin de leur circuit. J'ai au fond de moi le secret espoir qu'ils m'entendront, qu'ils seront conquis par nos programmes d'éducation, jusqu'à vouloir nous proposer une petite visite, jusqu'à souhaiter fortifier notre accomplissement; et qui sait, peut-être un jour nous soutenir !

 
La plupart du temps mes préliminaires sont vains; à défaut de polies condescendances, voire de gratuites commisérations enveloppées d'une habile compassion, c'est un brin de dédain et d'irrévérence que je récolte. Que fais-je donc de ces distinguées rencontres au bout du monde, enrichies de crainte et d'espérance, saupoudrées d'un secret espoir de futur partage dont j'avais osé pouvoir exposer un jour aux enfants de nos écoles ? Parfois je ravale mon babillage, pensant que ce n'est pas le moment et que mon entame de présentation n'étaient ni bonne, ni de circonstance; parfois je ravale ma rancœur,  me rappelant les précédentes tentatives qui ne m'ont jamais rien apporté d'autre que de sympathies légères, passagères et sans lendemain !


Je ne suis donc pas arrivé à les convaincre pour une visite à Rataria, à Magare ou à Neem, les villages [Ki Dhani] de "Nanufuji School"; ni à Kogukhan ou à Beldar, les villages de "Vidyasagar School"; ni à Meharajot, à Karada, à Lala ou à New Karada, les villages de "Uttam Aadarsh School"; ni à Garfoorbattha, à Geeta ou à Billbasti, les quartiers-bidonvilles de "Sunbeam School"; ni à Kallo Ki Hatton, à Harijan Basti, à Kobler Para ou à Magdoor Para, les quartiers pauvres de Satyadev School ! Mais aujourd'hui mon seul bonheur est d'avoir pu vous écrire les noms de ces villages, Chères Amies, Chers Amis d'Ecoles de la Terre !

 

QUELQUES MOTS SUR NOS PROGRAMMES DE SOUTIEN



Le programme "EDUCATION & SANTÉ" représente l'investissement le plus important de notre soutien au Rajasthan. Il fait l'objet de la plupart de nos articles, de nos blogs et de notre site internet que je vous invite à visiter à l'adresse www.ecolesdelaterre.ch. Cependant, il n'est pas le seul, loin sans faut.


Le programme "MICROCRÉDIT" nous occupe également. Nous avons lancé ce programme en toute fin d'année 2009. Il consiste en l’octroi de prêts aux mères habitant les zones semi urbaines, proches de la ville de Jaisalmer. Nous souhaitons améliorer les conditions socio-économiques des familles par le soutien à la création de petites activités économiques. Ces familles, en priorité celles de nos élèves, peuvent développer des micro-entreprises dans les domaines tels que les services, l'artisanat, la petite manufacture, les transports, les marchés, l'élevage, etc... Les bénéfices réalisés, soit les intérêts des opérations de crédit, sont entièrement attribués au fonctionnement de nos écoles et de nos centres médicaux. 


Notre principal objectif est d’accroître de façon régulière notre volume d'activités afin de devenir le plus rapidement possible autonomes pour ce qui touche au fonctionnement de notre programme "Education & Santé". Nous souhaitons étendre ce domaine d'activités jusque dans les villages du désert afin d'aider les familles de ces régions à améliorer leur niveau de vie.


Tout ce qui a trait à l'eau nous préoccupe au plus au point; nous pouvons parler d'un véritable programme "EAU" en gestation. Dans cette région, les ressources en eau sont pour le moins limitées. Au Thar, comme dans bien d'autres déserts, les gens sont pourtant venus s'y installer, développant petit à petit des techniques et des savoir-faire afin de récolter l'eau nécessaire à leur vie domestique. Mais l'exode rurale et l'absence d'une bonne organisation de travail de la part du Gouvernement ont rendu les habitants des villes périphériques au désert inconscients quant à l'importance, voire l'existence même, de ces techniques et savoir-faire. De plus aujourd'hui, ces deux derniers critères de connaissance et de pratique ne suffisent plus aux besoins.


Il faut donc repenser le "savoir de la collecte d'eau en milieu désertique"; reconsidérer les attributs des canaux, des puits principaux, de la maintenance, des règles de vie, etc... Il s'agit d'éduquer les consommateurs d'eau, à commencer par ceux de Jaisalmer, de Jodhpur, de Barmer, de toutes les cités et grands villages périphériques; leur faire comprendre que l'eau n'est pas inépuisable; qu'elle est devenue "L'OR BLEU", un enjeu en ce début de troisième millénaire !


Nombreuses sont à travers le monde les fondations qui nous invitent à nous préoccuper de cette question et qui nous soutiennent. En ce qui nous concerne, nous faisons un clin d'oeil à la Fondation "CÉDRIC MARTIN" de Genève qui nous met en alerte, nous maintient éveillés sur le sujet et de surcroît nous soutient depuis des années. Nous sommes bien conscients qu'aujourd'hui l'EAU est devenue un "Capital Social" majeur, pour la vie en général, mais encore et spécifiquement pour nos écoles. À Ecoles de la Terre, nous avons fait une effort particulier en ce qui concerne ce domaine. Chacune de nos 5 écoles sont aujourd'hui convenablement approvisionnées en eau. Les 3 écoles du désert profond - Nanufuji, Vidyasagar et Uttam Aadarsh - sont dotées de consistants réservoirs dont nous nous attachons à assurer une correcte maintenance.


C'est encore une question de "WATER CULTURE" dont il s'agit ici ! Le thème de l'eau devient ainsi un sujet d'enseignement donné à nos élèves dans le cadre de notre cours "General Knowledges", "Connaissances Générales". Être conscient de la rareté de l'eau et de l'importance de la traiter et de la conserver, c'est aussi cela que nous voulons enseigner à nos élèves !



LA POÉSIE DU DÉSERT ET DE L'EAU POUR TERMINER 



Dans notre blog du 30 janvier 2010, j'écrivais ceci : 


"Le désert, ça te marie avec la vie, ça t'unit à la terre, ça t'associe au cosmos, ça radoucit ton passé, ça rend paisible ton présent, ça optimise ton énergie qui te donne envie d'être "futur" ! Le désert, c'est tout l'amour d'un grain de sable qui souhaite devenir toute son étendue, pour partager un moment de la terre avec ses natifs, ses enracinés, ses habitants, ses ancrés à la terre; voilà une expérience d'existence que rien au monde un humain de quelque provenance ne saurait manquer. Le désert c'est, vous l'ai-je déjà dit, une "école de la terre" dure et pure où j'ai eu la chance de poser pied. Ce désert de la terre ou "Ecoles de la Terre" a l'honneur et le bonheur, la responsabilité et la charge d'offrir ses programmes aux enfants des habitants les plus pauvres de ces lieux ensablés." 


Ah crénom de sort, que je suis content d'avoir écrit ces mots; et que je suis heureux de vous les offrir à nouveau, ici, aujourd'hui !


Je vous propose ces quelques proverbes et citations :


"J'ai toujours aimé le désert. On s'assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n'entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence."
" Ce qui embellit le désert c'est qu'il cache un puits quelque part."
d'Antoine de Saint-Exupéry dans le Petit Prince.


"Souvent, le désert, c'est l'idée que l'on s'en fait. On le rêve, on l'espère, on l'embellit, et un jour on le découvre et on ne sait pas que penser ou que dire. Il nous intimide et nous contraint au silence. Les mots glissent sur le sable. On observe le soleil couchant, on est émerveillé par la subtilité des couleurs. Et puis on retourne à soi, à ses pensées, à la durée intérieure. Mais le désert n'a de sens que si l'on prend le temps d'y séjourner. Sinon, il ne se livre pas, il ne donne rien. Il reste une carte postale, l'image d'un souvenir qui s'ennuie."
de Tahar Ben Jelloun, dans l'Express du 16 mars 2000


Juste après la mangrove des marais des Îles Sunderbans, après les plaines vertes du Bihar, je me promenais dans le désert du Thar; et sur sa peau sablée, j'écrivais son nom et ces quelques mots : "je suis ici à respirer le vent et le silence, à penser à tes Enfants ". Avec mes pensées émues !


Martial Salamolard pour ECOLES DE LA TERRE



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