La famille indienne – la hindu family – représente la cellule de
base de la société indienne, une unité fondamentale de société bien plus marquée
qu’en Occident. En périphérie du cœur de votre communauté vous avez des sœurs
et des frères partout – my sister, my brother – à croire que votre famille
comprend une grande partie du village, du quartier, et même de la région.
La famille fait partie des thèmes clés du cinéma indien, à côté
de la comédie, du drame et de la romance. Les rire et les pleurs font bon
ménage dans toutes les représentations de la vie familiale. Elle se trouvera
toujours en premier rôle ou, au pire, en toile de fond d’une quelconque
approche sociologique de la société.
En Inde, nous pouvons parler de "famille élargie" qui
"verticalement" comprendra plusieurs générations en son sein ;
elle peut abriter facilement quatre générations. En plus des parents, vous retrouverez
les grands-parents. "Horizontalement", vous rencontrerez les
belles-filles et des oncles & tantes et/ou arrières-grands oncles &
tantes demeurés célibataires ou devenus veufs et veuves.
Les familles de 10 à 15 membres ne sont pas rares. De type
résolument patriarcal, cette communauté est le lieu où s’intériorisent tous les composants de la société indienne,
hiérarchie et autorité, rôle du père et de l’enfant mâle, place des femmes et
des filles, codes vestimentaires et culinaires, pratiques de l’hygiène et de la
santé, matière à penser en fait du sexe, droit familial & traditionnel en
opposition au droit civil et pénal.
Nous ne pouvons parler ici que de quelques aspects les plus
marquants, voire paradoxaux, des composants évoqués ci-dessus. La famille est
une sorte d’école des codes sociaux. L’enfant devra comprendre la place et le
rôle de chacun, en particulier celui du père, figure incontournable de
l’autorité.
La famille est construite autour d’un aspect fondamental, la
place des femmes et des filles. Pour simplifier, nous pouvons dire que les
femmes, voire les petites filles dès qu’elles peuvent marcher, accomplissent
toutes les taches, y-compris les plus pénibles, de la vie domestique. Dans
cette société patriarcale, l’infanticide des filles a longtemps été pratiqué,
ouvertement, jusqu’à son interdiction par les Britanniques en 1870.
Malheureusement, cette pratique a subsisté et perdure encore
illégalement et de manière insidieuse, principalement en Inde du Nord. Le
résultat de cette triste méprise est un déficit de filles alarmant pour
l’équilibre démographique du pays. Mais en même temps le paradoxe indien
s’illustre en ce domaine, comme dans bien d’autres. La femme est divinisée et occupe une place
immense dans le panthéon des dieux hindous. Son image, dans la famille, et
associée à de l’énergie positive.
De statut de fille, à celui d’épouse, puis de veuve, nombre de
femmes indiennes auront vécu un véritable parcours de combattantes. L’espérance
de vie des femmes indiennes est quasiment la même que celle des hommes, alors
qu’elle est d’environ de 10 ans supérieure dans la plupart des pays développés.
Nous avons pu lire que "naître ou ne pas naître, là est la
question pour les filles". L’enfance est leur période de vie de tous les
dangers et leur futur mariage représente souvent la seule issue possible. Le
mariage est une véritable institution où la dote, un vrai racket des parents de
la mariée, fait des ravages "financiers". Même si ce système a été légalement
interdit dès l’année 1961, il a toutefois subsisté sous la forme d’une sorte de
"don pour marier sa fille" ; celui-ci voulant se justifier par
une sorte de symbole d’inégalité entre la famille de la fiancée qui verse la
dot et la famille du fiancé qui la reçoit.
Vous savez que ce système a aussi été favorisé par les mariages
arrangés que l’Occident a connus naguère. Mais les sociétés changent. Dans les
villes les traditions ont tendances à disparaître depuis quelques décennies ;
en revanche elles restent encore bien présentes en zones rurales. Cependant le
mariage traditionnel mène encore la vie dure aux jeunes couples urbains et il
demeure encore systématiquement un arrangement entre deux familles ; et
les enfants n’ont guère d’autre choix que de s’y soumettre.
Les valeurs telles que la famille, la religion et le respect des
anciens ont encore de beaux jours devant elles.
Aujourd’hui les jeunes revendiquent avec forces d’autres changements
tels que l’abolition de la servilité, des injustices et de la corruption ;
elle exige également un investissement majeur dans l’éducation. Les paradoxes
en maintes matières demeurent encore des objets de fascination dans le pays de
Gandhi.
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