CHÈRES AMIES, CHERS AMIS,
LE GANGE ET LA DÉESSE « GANGA »
Festival de verdure, îles et presqu’îles en accordéon, manifestation
de faune et de flore sauvages, terres de mangrove qui câlinent et enlacent des
côtes interminables, les îles « Sunderbans » nous accueillent,
Marie-Elisabeth et moi-même, dans un ample et tortueux espace indompté que l’homme
a domestiqué, juste ce qu’il faut, laissant encore à la nature le droit d’exister par
elle-même. Et sur cette terre encore vierge dans beaucoup d’endroits, les bras
multiples d’une immense rivière à notoriété divine, appelée « Gangâ »,
le Gange, caresse les côtes de ce terroir à peine apprivoisé.
Le parcours du Gange, la rivière sacrée de l’Inde, est
gigantesque. De sa source dans l’Himalaya, aux portes du Tibet, ce fleuve aux histoires mythiques et aux
mille légendes parcourt plus de 2'500 kilomètres avant de se jeter dans l’océan
indien. Le Gange sacré est l’incarnation de la déesse « Gangâ ». Les
hindous n’utilisent pas le terme de fleuve mais « Gangâ Mataji », la
« Mère Gange » ou de nombreux autres noms à caractère sacré, eux
aussi. Le Gange traverse les grandes plaines de l’Inde du nord, de
l’Uttaranchal, de l’Uttar Pradesh et du Bihar, avant de se scinder pour son ultime
étape en de multiples bras au Bengladesh, pays voisin de l’Inde, et dans l’Etat
fédéré du Bengale occidental.
C’est de cette ultime étape dont je veux vous ajouter
quelques mots. Après le Bihar, le Gange traverse le Bengale occidental pour
former le plus grand delta du monde. Et c’est à cheval sur l’Inde et l’Etat du
Bengladesh qu’il s’offre à la mer, l’océan indien. Pour être plus complet, je
me dois d’ajouter que ce delta est encore le résultat de la rencontre entre le
Gange et le Brahmapoutre, cet autre fleuve venu de l’est qui rejoint
« Mère Gangâ » dans la région de Dhaka, la capitale du Bengladesh.
« GeoVoyage », dans son édition
magazine de novembre-décembre 2012, d'où nous avons retirés maintes informations, nous dit que ces "deux fleuves
déversent chaque année dans le delta 2,9 milliards de tonnes de sédiments,
l’équivalent de 400 millions de camions". C’est de ces amas d’alluvions
que ce sont formées les îles des Sunderbans. En amont du delta du Gange et dans
ses extrêmités, vous avez Calcutta, dans sa partie ouest, et Dhaka, dans sa
partie est, ces deux grandes métropoles qui se situent à une centaine de
kilomètres des grands bras du delta.
Dans un concert de chiffres énormes et d’histoires
insolites nous évoluons en Inde avec Ecoles de la Terre, dans plusieurs
régions dont celle de l’embouchure du Gange. Aujourd’hui j’ai eu
envie de vous offrir cette part de mysticisme au voyage, comme tous les voyages
que je vous invite à partager avec nous. Sans doute, est-ce parce que je reviens
de cette exceptionnelle région, après un séjour d’une dizaine de jours, avec
Marie-Elisabeth. En effet, nous étions tout récemment dans notre bureau de
Raidighi, petite ville à l’ambiance villageoise, à l’architecture d’un autre
siècle, une sorte de plate-forme adossée à l’un des bras de mer du Gange.
ECOLES DE LA TERRE AUX SUNDERBANS
Pour notre première visite 2013, nous y retournerons à la
fin de ce mois de février, nous nous sommes rendus dans 3 de nos écoles des
îles Sunderbans ; à l’école de « Srifaltala », à celle de « Purba
Jatta » et celle de « Sonatikari ». Nous visiterons notre école
de « Ramar Patshala », sur l’île lointaine de Gaga Sagar, lors de
notre prochain séjour à fin février ou début mars 2013 ; nous y rendre
nécessite un long déplacement de plusieurs heures, en jeep et en ferry, mais sa durée dépend surtout du niveau de la
marée du bras du Gange qui nous sépare de l'île.
Notre bonheur de revoir les enfants et les enseignants est
encore et toujours émouvant ; tous ces mois d’absence nous apportent leur
lot de bonnes surprises. Progrès, assiduité, intérêt, discipline et ambiance
agréable sont autant de traits distinctifs qui caractérisent nos classes et nos
élèves des Sunderbans. Comme c’est le cas pour l’ensemble des écoles de nos
branches indiennes, les professeurs font preuve d’assiduité et de disponibilité
à toute épreuve ; rares sont ceux qui nous quittent pour une quelconque
raison; le taux d’ancienneté de notre corps enseignant est ainsi au plus haut.
L’école de Srifaltala, dans le petit village de la même appellation
proche de Raidighi, la petite ville aux allures rurales,
compte 350 élèves et 9 enseignants. Celle de Purba Jatta, du nom de l’île qu’elle
habite, accueille 270 élèves et 8 enseignants ; enfin, l’école de
Sonatikari, sise sur l’île de Kultali, accessible seulement par bâteau, reçoit
255 élèves et est régentée par 8 enseignants. L’ensemble de nos écoles de l’Ouest
Bengale, avec celles de Ganga Sagar et de Calcutta dont nous vous parlerons prochainement,
compte plus de 1300 élèves.
Chacune de ces trois écoles comporte deux échelons, deux
stades d’enseignement. Le premier échelon, que j’appellerai ici « les premiers
degrés d’enseignement permanent » est intégralement administré par Ecoles
de la Terre du point du vue de ses programmes. Cet échelon concerne les 3
niveaux d’enseignement maternel ainsi que les 4 premiers degrés d’enseignement
primaire. Les élèves sont entièrement sous notre responsabilité et suivent nos propres programmes scolaires qui les préparent à passer à l'échelon suivant.
Le second stade - échelon - est celui du suivi scolaire, communément
appelé ici le « follow up programme ». Une structure d’encadrement a
été mise en place en faveur des élèves des degrés supérieurs – les classes de
degré 5 à degré 10 – qui fréquent les écoles gouvernementales de la région.
Chaque jour ces élèves se retrouve dans nos écoles afin d’assurer leurs travaux
scolaires quotidiens et bénéficier de nos cours de rattrapage et de mise à niveau.
Cette structure permet ainsi aux élèves ne bénéficiant pas de conditions
convenables chez eux, de poursuivre leurs études en travaillant assidument avec le concours de professeurs
compétents mis à disposition par Ecoles de la Terre.
Chères Amies, cher Amis, j’espère vous avoir diffusé
quelques flagrances à l’arôme parfumé des îles Sunderbans, toutes baignées
dans les eaux sinueuses de la « Mère Gangâ ». Et c’est encore avec
allégresse et enthousiasme que je vous ai parlé une fois de plus de nos élèves,
de nos écoles de cette région du Sud des Sunderbans, si belle et si pauvre à la fois !
Veuillez croire à l’expression de mon amitié douce et insulaire.
Martial Salamolard
Pour ECOLES DE LA TERRE
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