Nous
sommes le 2 février 2013. C’est le branle-bas depuis les aurores ce matin à
Camijuli, pour la journée des interventions de ligature des trompes de l’utérus
pour les femmes des villages isolés des campagnes où nous avons nos écoles et
le dispensaire.
Notre
dispensaire était pris d’assaut et occupé par un grand nombre de femmes,
enfants, bébés, pères, accompagnants et bien sûr les mamans qui allaient se
faire opérer.
Il
y a d’abord toute la mise en place médicale, l’inscription de chacune, tout ce qui
va constituer un dossier complet pour chaque femme ; avec analyses :
prises de sang, urines, tension, etc... . Il faut aussi leur signature de meme que celle du
mari ou d’un représentant de la famille.
Lorsque
le dossier est fait avec tous les accords, la future opérée est transférée en
salle d’opération : 3 tables en bois recouvertes juste d’un bout de tissu
parfois encore poussiéreux ! Chacune attend son tour pour l’anesthésie.
Les médecins et infirmières arrivent lorsque tout est en place pour
l’intervention qui dure entre 15 et 20 minutes. Les mamans sont braves, les
conditions étant on ne peut plus spartiates.
Chacun
s’adonne à sa tâche, désinfection, préparation du champ opératoire,
intervention du médecin, assisté des infirmières qui tiennent les jambes des
opérées, et ensuite recousent ce qui a été ligaturé. C’est un travail qui se
fait à la chaîne; il y avait 30 mamans aujourd’hui. C’est à chaque fois un
grand succès et ces interventions se font plusieurs fois par an.
Tout
cela a commencé vers 12h00 pour durer jusqu’à
environ 17h00. Après l’intervention, chaque maman est transportée sur un
brancard de fortune portée par 4 à 5 personnes en salle de repos qui est en
fait une salle de classe de notre école de Camijuli.
Là,
les accompagnants, époux, mère ou autre membre de la famille, ont préparé à
même le sol des couvertures pour que les patientes puissent se reposer et se
réveiller dans le calme et la tranquillité.
Inutile
de vous dire qu’il n’y a pas de lit, ni chemises de nuit ni rien de ce que nous avons
chez nous dans un hôpital, permanence ou
clinique. Mais pour elles c’est encore beaucoup mieux que d’aller à l’hôpital de campagne de Camijuli !
Les
mamans opérées y resteront toute la nuit, accompagnées d’un proche et sous la
surveillance d’un médecin. Le lendemain matin, après un dernier contrôle et un
petit déjeuner offert par Ecoles de la Terre, elles rentreront chez elles,
chacune dans son village respectif.
Tout
cela se fait à la manière « portes ouvertes », avec les « va et
vient » de tous, éclairage à la lampe de poche car les salles sont
sombres; ici c’est la cambrouse, « no elecricity » dans cette contrée
pour le moins déshéritée.
Je
dois vous dire que je suis toute remuée de ce que j’ai pu vivre et voir aujourd’hui;
tout cela dans la dignité et le respect, avec les imprévus toujours maîtrisé à « l’indian
style ».
Ce
que je retiens de notre dispensaire, « Health program » comme on le
nomme ici, c’est qu’il fonctionne depuis
4 ans dans notre annexe de l’école de Camijuli, dans le village d’Itra. Des
centaines de femmes ont déjà subi cette intervention. Ecoles de la Terre a pris
en compte la nécessité d’agir en matière de programme familial.
Des
meetings à l’intention des familles sont organisées régulièrement où la
question du contrôle des naissances est à chaque fois à l’ordre du jour.
Aujourd’hui, je pense que ce travail commence à porter ses fruits.
Ecoles
de la Terre est connu pour son sérieux, ses écoles, compte tenu des moyens a disposition, sont bien tenues et ses
professeurs sont là depuis l'ouverture de l'ecole en janvier 2001. De plus,
je dois rappeler que nos écoles sont des « free schools » ou écoles
gratuites.
Chez
Ecoles de la Terre il n’y a que du « social work » , ni
« business », ni jouet humanitaire ; que du concret !
Le
dispensaire est encore doté d’une pharmacie et d’un médecin qui exerce là en permanence,
ce qui permet au Centre d’assurer les consultations pour les gens des nombreux
villages avoisinants qui peuvent enfin venir se faire soigner à des conditions
défiant toute concurrence.
Marie-Elisabeth
Coudray Salamolard
Pour
ECOLES DE LA TERRE
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