Auprès
des arbres, les chèvres ne quittent pas leurs ombres pâles, à peine plus foncées
que le reste alentours ; la route au loin se pare de ses flaques
miraculeuses. Je suis sur celle qui nous conduit à l'école d'Uttam Aadarsh dans le
village de Meharajot, à quelques 80 kilomètres de Jaisalmer, capitale de
district et haut lieu touristique renommé pour l’organisation de safaris dans le
désert du Thar. Uttam Aadarsh est notre petite dernière du Rajasthan, sortie de
terre en début des années 2010.
Ayant
quitté Jaisalmer depuis environ quarante-cinq minutes, nous arrivons à l’entrée
du village de Davicot ; tout de suite nous tournons sur la gauche pour
nous engager sur l’axe défoncé qui nous mènera par bonds et par bosses tout
droit à Meharajot, le village qui ne se voit pas, le village aux cents maisons
aussi pâles que le décors des chèvres.
Jusqu’alors
la route était belle, entretenue par les bons soins de l’armée indienne qui
sillonne le district de Jaisalmer de toutes parts, faisant frontière avec le
Pakistan, le frère ennemi juré, le voisin,
le traitre dont il faut vraiment se méfier dit-on ! Je ne vous proposerai
pas un exposé d’histoire contemporaine de la région du Thar ; je veux
seulement vous dire qu’ici la tension est forte dès que j’évoque le sujet des
frères ennemis, enfants de « Mère India » définitivement séparés dès
1947.
Les
quarante premiers kilomètres ont défilé gaiement sur le billard de la nationale
20 ; les quarante suivants seront jonchés de traquenards et de surprises. Une
bosse par-ci, deux trous par-là, nous finirons par quitter la petite régionale sans
nom pour emprunter les pistes que nos prédécesseurs et les grandes pluies ont
largement marquées de leurs empreintes sauvages.
Sur
ce deuxième tronçon, il nous faudra le double de temps pour atteindre Meharajot
sous le soleil déjà plombant de ce matin d’avril ! Je me suis rendu là-bas,
sans doute pour la dernière fois de cette année 2016. Pour moi c’est le temps
des au-revoir qui sonne « rantanplan » au Rajasthan !
Depuis
le temps que je vais et je viens, de Suisse en Inde et d’Inde en Suisse, bientôt
20 ans, je devrais m’y faire à ces retrouvailles, à ces au-revoir ! Et
bien non, ils me procurent toujours leurs indicibles surprises, étonnante
allégresse, indescriptible mélancolie ; bref, le bonheur de se revoir et
le guignon de se séparer ! Et c’est très bien comme ça !
Bye
Bye le Rajasthan, Bonjour le Bihar, après un petit crochet par Delhi et une
visite au bidonville de Dilchau Kala. L’heure de la dernière étape a sonné, et
quelle étape ! Le Bihar et sa dizaine d’écoles et de centres « Ecoles
de la Terre », ses kilomètres par centaines à travers la campagne sauvage
du plat pays du nord, encore très verte en cette veille d’été, ce pays chargé d’histoire !
Chères
Amies, Chers Amis, je vous dis à tout bientôt sur cette tribune, avec des
photos par milliers. Avec mes pensées les plus chaleureuses.
Martial
Salamolard pour ECOLES DE LA TERRE
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