Ecoles de la Terre un jour - Ecoles de la Terre toujours !

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JOUR DE DISTRIBUTION DES NOUVEAUX UNIFORMES À L'ÉCOLE DE NABAKISHALAY À SONATIKARI SUR L'ÎLE KULTALI - WEST BENGAL - INDIA - MARS 2024

lundi 18 avril 2016

UNE PREMIÈRE SEMAINE AU BIHAR POUR LE MOINS INTENSE ET BELLE, UN EXEMPLE DE RETROUVAILLES SUR LA TERRE ET DES MOMENTS DE VIE QUI RENVERSENT LES MONTAGNES ET LES HOMMES AVEC !




Mon arrivée à Bodhgaya en fin d’après-midi du dimanche 10 avril ne me laissait à peine présager la chaude semaine, au propre comme au figuré, que j’allais vivre dans cette région du district de Gaya, au Bihar. À vrai dire je chicote un peu, sachant très bien qu’une fois arrivé où que ce soit chez « Ecoles de la Terre India », je ne tiendrai pas en place très longtemps. La preuve !


LUNDI 11 AVRIL – Je prends la direction de l’école de Saraswati, au village de Pacchhati ou Rajesh Kumar, le responsable de notre branche Bihar, a organisé un apetissant événement. À l’occasion du décret de Sir Nittish Kumar, « Chief Minister » de l’Etat du Bihar, officialisant dès le 1er avril, ce n’est pas un poisson, la fermeture de tous les débits d’alcool de l’Etat, Ecoles de la Terre allait marquer cette circonstance en organisant une fête où étaient invités quelques notables du district et nombre de familles de la région, dont principalement des mères.


J’ai pu constater les jours qui suivirent mon arrivée ici, que l’environnement de Bodhgaya était plus calme que par le passé. Le préjudice causé par l’alcool depuis la prolifération des « wine shop » comme on les appelle ici, a fait bien des ravages dans les familles de la région, et cela plus particulièrement dans les villages. Les mères venues en nombre à notre fête ne savaient pas comment extérioriser leur contentement. Bref la lune, je vous dirai simplement que « l’eau ferrugineuse » n’a plus droit de cité au Bihar ! Compte tenu des circonstances qui ne laissaient aucune place à la modération, cet événement représente pour nous une victoire sur l’ignorance et l’exagération.


MARDI 12 AVRIL – C’est ma première journée de visite d’écoles. Je suis tout heureux tôt le matin, de retrouver les enfants de Sujata School au village de Baiju Bigha. Ouverte au printemps il y a 15 ans de cela, combien de fois ai-je eu ce bonheur de les revoir après des mois d’absence ! C’est un moment qui me donne l’envie de faire une génuflexion, un agenouillement pour dire merci à la Vie ! Dans ces instants-là, la vie devient mon « Dieu » ; je dis « Re-bonjour » aux grands, je dis « Enchanté » aux tout petits fraîchement arrivés à l’école ! Vous ici ? Quel bonheur !


Peu après, j’ai juste le temps de me rendre à Saraswati School, au village de Pacchhati [distant de quelques 3 kilomètres de Baiju Bigha] où j’allais la veille pour la fête de l’abstinence. Ce fut bien sûr un autre moment de rencontre intense ; quoi de plus naturel lorsque vous revisitez un monde d’enfants ! Saraswati [School], du nom de la déesse indienne des arts et de l’éducation, est une école de village, Pacchhati, périphérique à la ville de Bodhgaya. Vous quittez la ville et parcourrez à pied à peine un kilomètre, et tout devient différent. Vous quittez un endroit touristique pour vous trouver en pleine ruralité ! Saraswati School, c’est un demi-millier d’élèves que nous soutenons depuis bientôt 10 ans !


MERCREDI 13 AVRIL – En voilà une grosse journée à battre la campagne et retrouver nos trois écoles de Camijuli, Bandha et Manjibigha ! Ce trio d’écoles, et bien c’est une sacrée belle histoire ! C’est une suite d’heureuses péripéties de plus de 15 années qui commença par la construction de Camijuli, dans le village d’Itra, pour recevoir les enfants d’une petite quinzaine de villages alentours. Nous pensions pouvoir recevoir 250 enfants dans notre premier bâtiment en 2001. Quatre cents se présentèrent ; nous décidâmes de tous les recevoir ! Les années passèrent et des centaines d’autres enfants arrivèrent ; nous les avons tous acceptés !


Les années passant, les villages augmentant, alors forcément les enfants affluèrent encore et encore ! Les plus petits [ceux des classes enfantines et de degré 1] ayant de plus en plus de kilomètres à parcourir pour atteindre l’école de Camijuli, alors nous vint l’idée d’ouvrir une, puis deux petites succursales pour assurer le démarrage de leur scolarité et ainsi décharger le nombre d’élèves de l’école centrale, Camijuli. D’où la création de l’école de Bandha et celle de Manjibigha. Aujourd’hui, les familles les plus pauvres de tous ces villages nous envoient leurs enfants dans ce trio d’écoles. Ils représentent un bon millier d’élèves.


Camijuli, c’est l’école-maison mère qui assure l’enseignement jusqu’au niveau de classe 10, un niveau respectable correspondant à nos cycles d’écoles primaire et secondaire ! Et puis, cerise sur le cartable, nous recevons en ce moment l’autorisation du gouvernement pour assurer l’enseignement aux classes de collège, soit les niveaux 11, 12 et 13 ! Nous pourrons ainsi offrir à cette région rurale le cursus d’éducation complet, jusqu’à l’entrée à l’université ou en haute école spécialisée.


Et puis il y a Bandha, notre première succursale avec ses tout petits qui vivent à l’ouest de Camijuli. Manjibigha, c’est la deuxième avec ses tout petits qui se situe à l’est de Camijuli. Nous pensons bien sûr aux enfants du nord et du sud de Camijuli ; le projet est à l’étude ! Toujours est-il que les retrouvailles avec toute cette merveilleuse marmaille furent comme une sorte de « feu d’artifice » dont je ne se lasse jamais ! Pardi, depuis le temps !


JEUDI 14 AVRIL – C’était la visite de l’école de Jolibigha, au village de Nain Bigha, la plus lointaine, une quarantaine de kilomètres à travers la campagne du district de Gaya. Plus d’un demi milliers d’enfants m’attendaient, tous rassemblés dans la grande cour de l’école.

 
Il y avait pour l’occasion un événement particulier à fêter ! Celui de la naissance de Bhimrao Ramji Ambedkar, le 14 avril 1891, mort en 1956, leader « Harrijan - Intouchable », homme politique, juriste et co-rédacteur de la constitution indienne ; et, nouvelle cerise sur le cartable, grand défenseur de l’école pour tous ; un homme dont la pensée me fait chavirer d’optimisme pour le futur de l’Inde, voire pour toute l’humanité ! Je vivais dans ce préau de Jolibigha un heureux paradoxe de l’Inde profonde, un paradoxe de plus qui vous donne l’espérance en tout état de cause, en toute circonstance, à tout moment, partout, toujours ; évidemment, je suis en Inde ; c’est pour ça aussi que je suis là ; concrètement c’est pour les enfants !


VENDREDI 15 AVRIL – Ce fut une  halte de mi semaine bien tardive pour faire le point, trafiquer un peu de bureautique, faire une peu de lessive et vivre quelques rencontres au bureau central d’Ecoles de la Terre Bihar ! Vous parlez d’un jour de repos ! C’est un peu comme les coureurs du jour de France qui se farcissent une centaine de kilomètres, histoire de ne perdre la main ou le mollet ! Mais c’était quand même bien sympa de pouvoir ainsi marquer son territoire sur un peu moins d’un kilomètre carré !


SAMEDI 16 AVRIL – C’était écrit que je ne pouvais pas manquer d’aller voir nos belles apprenties de notre Centre d’apprentissage de Rudraksha et leurs sympathiques monitrices. C’est un simple rappel pour  un bon nombre d’entre vous, que nous nous efforçons depuis bien des années d’étendre notre soutien à la formation en apprentissage pour les jeunes filles du Bihar ; expérience que nous allons étendre, cette année encore, au Bengale et au Rajasthan.


Samedi est le jour où les deux groupes d’apprenties du Centre de formation de Rudraksha, dans le village de Baiju Bigha, se retrouvent  ensemble pour partager et échanger leurs expériences et leurs travaux de la semaine. Toutes les filles travaillent et partagent ainsi leurs acquis et leurs connaissances. Ce fut bien un merveilleux moment que je vécus là, jusqu’à me donner l’impression de m’asseoir sur un rebord du monde et contempler cette fresque vie, bien là, bien présente, bien réelle ! Un moment de pur bonheur qui vous donne l’envie d’en faire encore plus, encore mieux !


DIMANCHE 17 AVRIL – Cette fois la cerise fut posée sur le gâteau d’eau ; pourquoi le gâteau d’eau ? Je vous le dirai un peu plus loin ! La cerise fut jusque-là déposée sur le cartable des enfants ! Ce dimanche c’était le jour des enseignants, tous invités, ils étaient près de 80, à l’école de Saraswati au village de Pacchhati, pour leur examen annuel ! 15 questions, 12 courtes et 3 longues ; toutes en rapport avec leur dernier séminaire de « formation de formateurs » auquel ils avaient participé il y quelques mois ! Durée, 90 minutes ! Les résultats seront délivrés le 28 avril 2016, avant-veille de mon départ du Bihar pour Delhi.


Le 28 avril prochain sera donc l’occasion de nous rencontrer une nouvelle fois pour faire le point sur notre mission, celle de marier job professionnel et sacerdoce social ; le mariage du gâteau d’eau à la figure de l’arbre ! Depuis plusieurs années, je présente à nos enseignants la fresque selon laquelle nos élèves sont des arbres et eux sont l’eau qui les fait vivre et croître !  Chaque année ils me disent qu’ils aiment cette image ! Le 28 avril prochain nous parlerons de ces arbres à soigner précieusement et de la bonne eau à leur donner absolument !


Avec en prime l’adage « Oh Pédagogie mon Amour ! », j’envoie à Vous Toutes et Tous mes chaudes et affectueuses pensées !

Martial Salamolard pour ECOLES DE LA TERRE



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