Après plus de 10 années
de présence dans le désert du Thar, je me dis, qu’avons-nous fait, où en
est-on ? Je me plais à rappeler ici que nous étions partis là-bas au cours
de l’été 2005 sous l’initiative de Marina Dupuis, une suissesse de Nyon,
habituée de la région et à ce moment-là déjà, membre de l’association Ecoles de
la Terre.
Je me pose cette question
tout au long de ce séjour 2016 où j’aurai passé la quasi-totalité du mois de
mars entre Jaisalmer, Garfoorbattha, Rataria, Gala, Beldar, Meharajot, autant
de villages parmi bien d’autres où Ecoles de la Terre gère ses écoles au profit
des enfants les plus pauvres de ces régions éloignées des grands centres.
Au chapitre des bonnes
réponses je peux dire qu’au Rajasthan, comme dans nos autres branches du
Bengale et du Bihar, nombre d’anciens élèves sont devenus aujourd’hui nos
enseignants. Abhishek, le responsable pour le Rajasthan et également président
de l’ONG, s’est fait un réel plaisir, au cours de ce dernier séjour, de me le
rappeler.
Nous commencions dès
l’année 2005 par l’ouverture de nos deux premières écoles, l’une, Satyadev Vidya Mandir School, dans un quartier pauvre périphérique
de la ville de Jaisalmer ; l’autre du nom de Nanufuji School, dans le village de Rataria Ki Dhani, à plus de 50
kilomètres dans le plein désert du Thar. En 2006 nous inaugurions l’école de
désert de Vidya Sagar
School dans la zone de villages
de Gala Ki Dhani à 15 kilomètres de Jaisalmer. En 2007, nous découvrions les
agglomérations de Garfoorbattha et de Billbasti, proche de Jaisalmer. Nous
décidions d'’ouvrir notre quatrième école ; elle s’appelle Sunbeam School. Nous poursuivions ensuite notre
marche dans les terres arides du Thar et découvrions en 2011 le village de
Meharajot à 70 kilomètres de Jaisalmer ; nous y avons construit Uttam Aadarsh School, notre cinquième école.
Nous souhaiterons bien sûr ouvrir de nouvelles écoles ; mais le manque de
moyens financiers ne nous le permet pas pour l’instant. Par contre, le projet
d’ouverture de notre premier centre
d’apprentissage pour jeunes filles et jeunes femmes
de la région de
Jaisalmer est devenu réalité. Il sera concrètement réalisé cette année 2016
près de notre école de Satyadev Vidya Mandir. Je vous en parlerai plus tard.
La plupart d’entre nous
connaît le désert pour y avoir séjourné tout au plus quelques jours en qualité
de touriste consommateur de safari ou alors comme participant à un stage de
méditation. Y passer sa vie au quotidien c’est autre chose. Ecoles de la Terre
vous emmène dans ces coins inédits de l’Inde rurale, profonde et
traditionnelle, où le touriste ne va jamais. En effet, c’est bien là que nous
nous trouvons depuis plus de 10 années.
Je me suis retrouvé
brûlant, absolument sec, souvent couvert de sable ; je me suis promené
dans un espace dépourvu de végétation, inhospitalier et dans une première
apparence, hostile à la moindre forme de vie. Au tout début je me représentais
le désert comme un lieu exposé en permanence à un soleil de plomb et accablant,
d'une luminosité aveuglante et éblouissante, parfois balayé par des vents
desséchants et violents. Certes c’est bien ce que je vis lorsque je le parcours
et je l’habite ; mais cette idée du désert demeure incomplète et erronée.
Car le désert grouille de vie, mais celle-ci ne se voit pas. Nombre d’espèces
animales y sont présentes, la faune s’étant adaptée à ces contraintes
climatiques. L’homme s’est concentré près des points d’eau afin d’y travailler
une agriculture de circonstance. La vie est bien là et nous nous en rendons
bien compte dans l'exercice de notre mission.
L’école de Satyadev comprend deux sections biens
distinctes. La première, dite école de jour ou permanente, accueille 160 éléves
[87 filles et 73 garçons]. La deuxième, appelée section de soutien scolaire en
faveur d’enfants nécessiteux inscrits à l’école publique, reçoit 100 élèves [62
filles et 38 garçons]. C’est à l’école de Satyadev qu’Ecoles de la Terre tient
ses bureaux en annexe du bâtiment scolaire.
L’école de désert de Nanufuji est bien plus petite. Elle accueille
64 élèves [24 filles et 40 garçons]. Ces chiffres illustrent bien toute la
difficulté que nous avons à convaincre les familles de ces lieux retirés à nous
envoyer leurs filles. Nous espérons que pour la nouvelle année scolaire qui
s’annonce, le déficit des filles s’atténuera. C’est en tout cas dans ce sens
que nous travaillons lors de nos rencontres avec les familles des villages. Le
respect des droits à l’éducation des filles demeure notre plus gros
« challenge » dans nos programmes du désert.
L’école de désert de Vidya Sagar
a un effectif total de
81 élèves [29 filles et 52 garçons]. La répartition par sexe est du même ordre
que celle de l’école de Nanufuji. Rappelons ici qu’il s’agit des chiffres
concernant l’année scolaire qui vient de se terminer [31 mars 2016]. Nous
savons tous que parmi les principaux facteurs qui écartent les filles du cursus
scolaire figurent la pauvreté et la persistance des préjugés socio-culturels,
particulièrement forts dans cette région désertique.
L’école de Sunbeam accueille 126 élèves [59 filles et 67
garçons, soit une recherche d’équilibre en net progrès en comparaison des
précédentes années]. Notre insistance auprès des parents lors de nos réunions
répétées de ces dernières années sur la nécessité d’inscrire leurs filles, a
commencé a porté ses fruits. Avec l’école d’Uttam Aadarsh dont nous parlons
ci-dessous, Sunbeam demeure pour nous en exemple de travail et de
détermination.
L’école de désert d’Uttam Aadarsh reçoit 116 élèves [54 filles et 62
garçons]. Notre petite dernière du désert du Thar nous apporte bien des
satisfactions. Est-ce notre expérience dans les autres écoles qui nous a permis
de faire passer le message auprès des familles sur le chemin de l’égalité
d’accès à l’éducation ; peut-être ! Toujours est-il que nous prenons
cette expérience en exemple et tâchons de l’appliquer au quotidien.
Je relèverai cependant
un résultat encourageant et prometteur, toujours en ce qui concerne la
répartition « filles et garçons ». Considérant l’ensemble des
effectifs de nos écoles, les filles sont représentées à 48.7 %, les garçons à
51.3%. C’est dans le désert profond que beaucoup de travail reste à réaliser !
Chères Amies, Chers
Amis, c’était un tour d’horizon de nos écoles du Rajasthan. Nous vous
remercions de votre intérêt et vous souhaitons le meilleur, un beau printemps à l'abri de la bise noire. Amitiés !
Martial Salamolard pour
ECOLES DE LA TERRE
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