Ecoles de la Terre un jour - Ecoles de la Terre toujours !

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JOUR DE DISTRIBUTION DES NOUVEAUX UNIFORMES À L'ÉCOLE DE NABAKISHALAY À SONATIKARI SUR L'ÎLE KULTALI - WEST BENGAL - INDIA - MARS 2024

lundi 4 janvier 2010

UNE BELLE HISTOIRE VECUE LE 2 JANVIER

Oui, celle que je vais vous raconter est “BELLE”. Elle melange un brin de tristesse et beaucoup d’esperance. Merci la “VIE”. Mais la tristesse, et vous le savez aussi bien que moi, n’est pas, n’existe pas, sans cause.
Et puis, “O belle roue de la vie qui tourne”, l’esperance peut, a son tour, devenir “Cause”, afin de produire de meilleurs effets. Je tacherai de vous en offrir un exemple dans cette histoire vecue.

Deux fervents bouddhistes de France, venus a Bodhgaya pour suivre les enseignements du Karmapa, Martine Turco et Michel Geay, sont venus me rencontrer recemment au bureau central d’Ecoles de la Terre – pour le Bihar – a Bodhgaya.
Le Karmapa est le chef de l'école Karma Kagyu, du bouddhisme tibetain, l'une des quatre écoles majeures de la pensee et de la pratique de ce « bouddhisme ».

Ils avaient auparavant fait la connaissance d’une famille tres pauvre habitant le petit village de Miya Bigha, tout proche de Bodhgaya. David Zeender, mon cher et jeune collegue d'Ecoles de la Terre connait bien mieux que moi ce petit village; il a d'ailleurs plein d'amis la-bas, des plus petits aux plus grands. Chaque jour ils me demandent "il est ou David ? Il vient quand David ?"
Apprenant que, pas trop loin de la, Ecoles de la Terre gerait une ecole, precisement au village de Pacchhati, ils vinrent nous rendre visite dans l’espoir d’inscrire deux petites filles jusqu’a ce jour privees de toute education. Il s’agit de Pooja, 12ans, et de Nittam, 8 ans, filles de Kunti Devi - la maman agee d’environ 38 ans et de Triloki - le papa age d’environ 40 ans.
Ni l’un ni l’autre ne le savent vraiment, n’ayant ete enregistres dans les livres officiels.

Apres avoir rencontre Ram, le maitre principal de notre ecole, Rajesh, le responsable d’Ecoles de la Terre Bihar, ainsi que moi-meme, Martine et Michel purent inscrire les deux fillettes, Pooja et Nittam, a notre ecole de Saraswati, puisque tel est son nom.

Et la se poursuit la belle histoire, sujet de cette petite narration. Martine et Michel se sont pris d’affection pour toute la famille.
La maman, Kunti Devi, de meme que le papa, Triloki, sont tous deux atteints de poliomyélite majeure, de naissance; ils ne peuvent pas du tout se servir de leurs jambes en « zigzag ». Triloki, a l’aide de sa vieille chaise roulante, mendie a Bodhgaya depuis toujours et Kunti Devi fait, en depit de son enorme handicap, divers petits travaux de nettoyage dans le village (lessives, sols, etc..).
En plus de Pooja et de Nittam, ils ont 3 autres enfants, Priya, 4 ans, Rinki, 3 ans et Raj, 10 mois, le petit dernier et le seul garcon.

Toute belle histoire de ce genre, qui exhorte a l’exaltation de la misere, a, bien entendu, ses limites; et dans celles-ci, les causes de la tristesse sont cruelles; elles sont le fruit de l’ignorance qui a grandi dans l’arbre de la misere des hommes.
Si, comme Martine et Michel, je me suis egalement pris d’affection pour toute cette famille, ma reflexion sur les causes d’une telle vie miserable, indigente, n’en a pas moins pris tres rapidement le dessus. Pourquoi ? Pourquoi ?

Cet apres-midi du 2 janvier, je l’ai passee avec cette famille, ainsi qu’avec Martine et Michel. Pooja et Nittam, qui ont termine leur classe du samedi a Saraswati’s School, nous ont rejoints.
A la vue de cette « smala », 7 personnes au total, un melange de sentiments de compassion, de tendresse, de revolte, d’incomprehension et d’indignation fit me poser un certain nombre de questions dont ont resulte les considerations qui suivent.

J’ai tout d’abord parle avec Martine et Michel, insistant sur le fait que leur soutien mensuel, promis a Triloki et Kunti Devi, devait etre directement lie a la scolarisation des 2 ainees, Pooja et Nittam.
Sachant aussi que des 2011 il fallait prevoir l’entree en classe de Priya, la troisieme fille, puis en 2012 celle de Rinki, la quatrieme. Cette discussion m’a paru essentielle, primordiale; avec Martine et Michel nous tombames d’accord sur cette priorite, a 100%.

Puis est venu le moment de parler « planning familial », de soulever la delicate, l’inextricable question de la pauvrete des familles liee au trop grand nombre d’enfants; a l’irresponsabilite des parents, a la legerete, l’insouciance, l’immunite coupable des gouvernements, leur incapacite, leur negligence et leur incompetence a faire face a ce fleau demographique, social, familial.
Je dois vous dire que, tout a coup, conscient de cette immense heresie humaine, mon sang ne fit qu’un tour. Je dus assagir mon temperament « soupe au lait » afin de ne froisser, ni la Famille Triloki, ni Martine et Michel. J’amorcai donc le sujet brulant de la contraception, de la responsabilite, des predispositions de la famille envers ses enfants.
Je tachai de faire comprendre a Martine et Michel que la famille « Triloki » etait deja beaucoup trop nombreuse; que des lors il fallait, veuillez excuser mon langage coriace, arreter le « massacre ».

C’est ainsi que j’ai commence a convaincre Triloki et Kunti Devi de l’extreme et urgente necessite de faire quelque chose de concret dans ce sens. Je leur ai deja propose les services de notre programme sante qui organise regulierement, dans notre dispensaire d’Itra, les « operation de ligature des trompes ». J’ai tout de suite compris que la discussion etait sensible, davantage pour Triloki que pour Kunti Devi, pourtant directement concernee par cette entreprise.
C’est un sujet « charnel », donc sensible, penible, emotif. J’ai a remettre l’ouvrage sur le metier ces prochains jours et a trouver la solution qui doit aboutir, absolument, a ce que cette famille ne fasse plus d’enfants.

Je tiens juste vous dire que je ne peux combattre la misere, comme ca, sans tenir compte des « tenants » et des « aboutissants » du soutien qu’Ecoles de la Terre pourrait bien contribuer a apporter, afin de l’adoucir et rendre la vie un tant soit peu convenable.
Cette faculte et cette lucidite a prendre en compte cet important aspect de l’aide aux plus pauvres, je vous la doit aussi en bonne partie, Chers Amies, Chers Amis, qui nous soutenez dans nos actions. Vos nombreuses questions nous obligeant a expliquer (1) les raisons de nos actions (2) la destination des fonds que nous allouons a nos programmes (3) les resultats concrets obtenus a moyen et long terme, montrent ici toute leur signification ! Pour cela, je vous dis « MERCI » et je tiens a contribuer avec « Ecoles de la Terre », avec toute ses equipes, celle de Suisse comme celle d’ici, en Inde, a ce que nos actions respectent nos objectifs premiers et prioritaires, a savoir (1) de soulager la souffrance des plus pauvres (2) de le faire par l’education des enfants puisque telle est notre premiere mission (3) de les suivre le plus loin possible (4) de viser avant tout l’autonomie des familles et enfin (5) de privilegier nos contacts avec les gouvernants, afin qu’ils nous aident, de leur cote, dans un premier temps, puis prennent eux-memes le relais dans un deuxieme temps.

L’exemple de la Famille « Triloki » est revelateur de l’importante « gravite » de cet immense « champ de soutien » qui n’est pas a planter n’importe comment.
Me trouvant ici, maintenant sur le terrain, j’ai pense judicieux de le prendre comme une image, un modele, un apercu de ce que doit etre notre travail.

Je vous suis tres reconnaissant d’avoir lu ces lignes et je vous adresse, Cheres Amies, Chers Amis, Vous qui nous soutenez en pensees, en paroles et en action, mon plus cordial message. Et comme d’habitude, je suis fier de beneficier, des fruits de vos critiques, de vos appreciations et de vos conseils; et ainsi porter toujours plus « haut » la banniere d’Ecoles de la Terre, non pour justifier une quelconque « operation de salon » mais pour confirmer et attester nos actions concretes, ici, sur le « sol de la necessite ».

Et aussi, affectueusement,

Martial Salamolard
pour ECOLES DE L TERRE

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