CHÈRES AMIES, CHERS AMIS,
UNE HISTOIRE D’EAU
Je suis trop heureux ici pour me réserver tout seul le bonheur d’y être ; si je le faisais, j’en mourrais, d’ennui, et de honte ! De plus, l’ennui n’est pas gai et la honte est laide ! Et puis, il y a l’eau du bain dans laquelle je brasse avec joie. Je suis dans les Îles Sunderbans, dans l’Etat du Bengale, bien placé pour vous dire que l’eau, ici, est à tout le monde, à commencer par Vous qui lisez ces lignes.
LE MARIAGE DE LA TERRE ET DE L’EAU
Il y a de l’eau partout, et de la sécheresse aussi ; mais comment cela est-ce possible ? Le climat des Sunderbans est quelque chose de bien particulier. C’est un bout de terre éclatée en îles, situées en pleine fin d’estuaire du Gange ; terre alluviale, avec l’océan en horizon, issue de milliers de kilomètres de parcours de ses eaux ; des milliers de kilomètres d’eau, vécue, bue, goulue, par des centaines de millions d’êtres humains qui cultivent leur histoire dans notre nuit des temps. Je vous dis « dans notre nuit des temps » parce que tout ce qui est par ci, l’est forcément un peu par-là ! Descendant le Gange, comme j’ai pu descendre le Rhône ou le Rhin, j’aime à vous dire comment est belle l’universalité de la danse des fleuves. Quand je suis sur l’eau, je regarde la terre ; dès que je rejoins la terre ferme, j’admire les nappes liquides qui se déambulent et me renvoient la lumière ! Ici, dans les Sunderbans, je n’en ressors jamais, de la terre et de l’eau !
UN BOUT DE L’INDE ÉTERNELLE
Dans les Sunderbans, les dieux que je prie assouvissent mes demandes de bénédictions. Je me fonds dans la vie d’ici. La prière apporte du sens dans ce qu’elle transporte, en communion avec les êtres vivants. Au dieu Shiva, le destructeur (mousson violente, montée destructrice des eaux, cyclones, etc…), s’oppose le dieu Vishnou, le réparateur, le sauveur (douceur du climat, tranquillité des îles, richesses des mangroves, etc…). Tout se transforme dès que je rencontre les gens d’ici ; leur accueil, leur paix, leur détachement me procurent une sorte d’énergie vitale hors du commun. Depuis bientôt 15 ans que je viens ici, je ressens toujours ce sentiment qui me dit que des bouts de terre de la Terre ont parfois ce quelque chose de plus qu’on peut difficilement exprimer avec des mots ; si ce n’est par ceux des enfants pour lesquels je suis ici ! Vous les voyez deja sur les photos, mais c’est le moment de parler d’Eux !
RENCONTRE AVEC LES ENFANTS DE RAIDIGHI, DE PURBA JATTA ET DE SONATIKARI
Entre hier mercredi et aujourd’hui jeudi 3 mars 2011, j’ai visité 3 écoles. Celle de Srifaltala, toujours si attirante avec sa nouvelle annexe battante neuve, et bien organisée. Elle accueille 350 élèves et est la plus facile d’accès puisqu’elle se trouve en périphérie du bourg de Raidighi, une plate-forme commerciale pour toute la série d’îles environnantes ; un port de pêche aussi, avec son marché aux poissons connu jusqu’à Calcutta.
Revoir les élèves, rencontrer les nouvelles petites têtes, représentent toujours un moment empli de bonheur et de curiosité, autant pour les enfants que pour moi-même.
Je me suis rendu sur l’île de Purba Jatta, aujourd’hui reliée par un pont qui nous permet d’atteindre le centre de Raidighi assez rapidement. L’école de Purba Jatta fonctionne depuis des années dans un bâtiment de bois, bigarré, biscornu et bien mal aménagé. Nous venons d’acquérir un magnifique terrain tout proche de l’actuelle école. Je suis toujours à la recherche de fonds nous permettant de monter les murs et de quitter ainsi nos locaux de fortune. Le bâtiment est budgété à 460'000 roupies indiennes, soit environ 10'000 francs suisses au cours actuel de la roupie. Une fois construit il pourra accueillir les 300 enfants dont nous avons la charge à Purba Jatta. Les conditions dans lesquelles travaillent les enfants de Purba Jatta ne les empêchent pas d’être heureux. Je me rends bien compte que ce sont surtout les enseignants qui attendent avec impatience le nouveau bâtiment.
Puis, c'est le déplacement sur l’île de Kultali, là où je vais visiter, pour la première fois, la dernière-née des Sunderbans que je n’avais vue jusque- là qu’en photo. L’heureuse surprise fut totale ! Elle est vraiment belle la nouvelle école de Sonatikari. Les enfants ont quitté leur vieille cabane délabrée le 15 août de l’année dernière, date de l’inauguration. C’est du bonheur de voir tous ces enfants, ils sont au nombre de 320, évoluer dans de si bonnes conditions de travail. Avec Abhishek, de Jaisalmer, et Nando, le responsable pour les Sunderbans, nous avons décidé du lieu où nous allions tout prochainement forer le grand puits qui nous donnera de l’eau potable, nécessaire aussi bien pour les enfants que pour le dispensaire médical et dentaire que nous sommes en train de mettre en route à Sonatikari.
LES MÈRES, CES PILIERS DE L’ÉCONOMIE LOCALE
J’ai participé, hier mercredi, au meeting de remboursement périodique des prets de notre programme de micro-crédit. J’ai surtout eu la chance de rencontrer 100 mères bénéficiaires de limites de crédit octroyées par ledit programme. C’est à chaque fois un festival de couleurs que de rencontrer en un même lieu, au même moment, autant de femmes indiennes superbement vêtues de leurs saris aux couleurs si vives.
J’aurai l’occasion, dans un prochain blog, de réserver beaucoup de place à ce programme pour lequel Ecoles de la Terre tient tant. Aider les familles par l’octroi de prêts à des conditions honnêtes et consacrer, en totalité, le bénéfice de ces opérations à l’éducation de leurs enfants, est devenu pour nous un objectif absolument prioritaire. Le soutien à l’éducation passe donc aussi par l’aide à l’économie locale, l’un n’allant pas sans l’autre, autrement dit, l’un renforçant l’autre et inversement.
Voilà pour cette fois, Chères Amies, Chers Amis, le compte-rendu de mes premiers jours dans les îles Sunderbans. Demain, ce sera le long déplacement sur l’île de Ganga Sagar, la plus grande de la région, la plus difficile d’accès aussi, puisqu’il nous faudra prendre le ferry-boat où un traversée de 35 à 45 minutes nous attend, pour autant que les marées nous soient favorables.
Je vous remercie de me suivre et vous sais gré de votre si precieuse attention. Je vous envoie mes meilleures pensées de cette terre sauvage, mythique, pauvre et belle à la fois.
Martial Salamolard
Pour ECOLES DE LA TERRE
ll n'y a rien qui puisse mieux legitimer, pour le developpement d'une societe, que l'engagement et l'investissement dans l'education de ses enfants ! Il n'y a rien qui puisse mieux justifier, pour une bonne comprehension entre les cultures, une plus grande fraternite sur la terre, que d'offrir aux enfants la possibilite de se rencontrer, afin qu'ils echangent sur leur mode de vie, leur facon de voir le monde et d'imaginer le futur ! “ECOLES DE LA TERRE”
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